Pendant toute la semaine de formation, nous avons nos interlocuteurs d’Outremer à portée de voix car nous sommes à côté du chantier. Et nous pouvons interagir avec des futurs propriétaires, des propriétaires, des formateurs et des skippers du chantier pour travailler sur notre projet bateau.
La toute première nouvelle que nous avons dès le mercredi matin, c’est l’accord avec Outremer sur le nouveau prix du bateau. Nous avions fait des propositions à Victor lors d’un coup de fil sur la route vers le GPEN. Il nous a confirmé ce qu’il pouvait faire, qui nous convient. Surtout que, pendant les deux premiers jours de l’Outremer Week, le groupe des futurs propriétaires bruissent du mécontentement de beaucoup face aux hausses de prix et, souvent, de la manière dont elles ont été annoncés. Nous comprenons bien qu’il faut aussi que nous fassions un effort pour que le projet se fasse avec le bateau de nos rêves car Outremer est très demandé…
Nous pouvons donc sereinement attaquer l’étape suivante avec Romain.
(Attention cet article est très long, bon courage pour arriver jusqu’au bout)
Des couleurs au choix
Mercredi midi, nous avons rendez-vous avec Romain pour découvrir les échantillons de couleur pour tout ce qui est personnalisable à bord.
D’abord, le tissu qui protègera nos voiles au repos : celui qui constitue le « lazy-bag », qui est un sac sur la bôme pour la grand-voile, et celui qui formera « bande UV », qui est la partie apparente de la voile d’avant lorsqu’elle est roulée sur elle-même. Comme nous voulons une « vraie couleur », c’est-à-dire pas du blanc, du gris, du noir ou du crème, mais que nous ne voulons pas d’une couleur unie trop vive qui « passerait » avec le temps, nous nous dirigeons vers un bleu un peu turquoise « Celestial ». En plus, c’est assorti avec la couleurs des yeux de toute la famille !
C’est la même gamme de tissu qui sert pour recouvrir les « ailes » de toile qui protègent le cockpit du soleil et les parois qui pourront fermer le cockpit. Nous décidons de le prendre de la même couleur pour tous les usages.
Ensuite, il faut choisir la couleur des assises du cockpit que nous prévoyons de prendre dans le même ton que le tissu de protection (Turquoise). Puis ce sera la couleur des grilles qui servent à ombrager le cockpit en laissant passer le vent, comme des petites fenêtres dans les parois, que nous choisissons d’une couleur chaude en beige, plutôt que gris ou blanc. Ces mêmes grilles seront utilisées pour les panneaux qui vont ombrager les hublots de la cabine centrale (le « rouf »).
Enfin, Romain nous montre les couleurs des boiseries (qui ne sont pas au choix) pour que nous choisissions la couleur des coussins intérieurs. Nous passons sur toutes les couleurs unies que nous trouvons trop salissantes avec la vie de famille et nous nous orientons vers les couleurs chinées. Nous prévoyons de prendre le gris moyen en haut à droite de la photo ci-dessous.






Se remettre le bateau en tête
Après les choix de couleurs, nous demandons à Romain s’il est possible d’aller visiter un Outremer 45 pour reprendre des photos et se remettre en tête les aménagements. Antoine est très impatient car il n’est pas monté sur un Outremer 45 depuis la visite de juillet 2022 ! Romain nous emmène sur le dernier Outremer 45 qui vient d’être livré. Les propriétaires sont d’accord pour que nous visitions leur bateau. D’ailleurs c’est une constante chez les propriétaires d’Outremer à la Grande Motte. Absolument tous seront d’accord pour nous faire visiter si nous le leur demandons, quand ce ne sont pas eux qui insistent pour nous faire visiter leur bateau !
Nous prenons beaucoup de photos pour essayer de garder une trace. Nous avons en particulier besoin d’étudier la conception de la table à carte car Antoine veut essayer d’y fixer un écran qui servirait à la fois pour la navigation et éventuellement pour les loisirs, sur un bras mobile. Malgré toutes ces photos, nous découvrirons encore beaucoup d’angles morts non photographiés lorsque nous nous poserons d’autres questions plus tard. Pas facile de concevoir un bateau à distance !






Tout sur les voiles
Le soir même, avant l’apéro Outremer, nous participons tous les deux à la présentation de la gamme de voiles par Incidences, le voilier habituel des Outremer (nous pourrions en choisir un autre mais ce serait plus compliqué). Nos questions se portent plutôt sur les voiles d’avant que nous pourrions emporter pour faire face aux situations variées que nous allons rencontrer lors de notre périple. En Méditerranée, nous prévoyons de rencontrer toute la gamme de vent avec principalement des vents faibles, potentiellement contraires, ou des vents forts. Sur l’Atlantique, il y aura principalement du portant (vent venant de l’arrière du bateau) à l’aller par les Alizés, du vent de travers aux Antilles et potentiellement du vent fort au retour, peut-être de face.
Matthieu nous a vendu le fait que la route des Alizés se fait facilement avec un simple spi plutôt lourd (S3 ou S4 sur la dernière photo) sans même hisser la grand-voile. Nous ne sommes pas encore convaincu car nous naviguons en famille donc en équipage plutôt réduit avec relativement peu de force physique. Les spis sont des voiles qui se contrôlent avec une chaussette (qui se glisse autour de la voile pour l’étouffer) et nous avons eu l’occasion d’essayer ce type de fonctionnement lors de notre croisière en Sardaigne. Nous avions rencontré des problèmes de coincement. En plus, cela oblige à aller à l’avant du mât, dans une zone plus dangereuse que l’arrière du bateau pour la déployer et l’étouffer. Pour finir, elle ne peut absolument pas rester hissée à poste quand elle n’est pas en usage.
Au contraire, les voiles sur « emmagasineur » (système d’enroulement avec un cordage sans fin qui permet de rouler la voile sur elle-même) ne présentent presque que des avantages. Elle peuvent être hissées à l’avance et rester à poste en attendant d’en avoir besoin, ou rester à poste une fois qu’on les a roulées. Ce n’est pas recommandé à long terme, mais c’est possible temporairement. Elles peuvent aussi être déployées et enroulées depuis l’arrière du bateau assez facilement tout seul. Au registre des inconvénients, l’emmagasineur peut se bloquer ou se détacher du cordage et la voile peut aussi se dérouler toute seule si on ne fait pas attention à bien bloquer l’emmagasineur.
Les formes de voiles sur emmagasineur sont plus « plates » que les spi car leur forme ne leur permet pas d’être enroulés. Elles seront donc un peu moins « puissantes » et ne permettent pas de naviguer complètement vent arrière. Chacune des voiles à sa plage d’utilisation optimale, souvent représentée par des patates de couleur sur des diagrammes en fonction de la force du vent (en nœuds) et de sa direction par rapport à l’axe du bateau (en degrés). Pour ceux que ça intéresse, il y a les diagrammes sur les deux photos en bas à gauche pour toutes les formes de voiles proposées par Incidences .
A bord de Loela, nous choisissons d’embarquer un « Code Zéro » pour la Méditerranée. C’est la voile grise sur la photo en haut à gauche et tout en haut à gauche sur la photo en bas à gauche. Elle permet de remonter au vent dans les petits airs que nous rencontrerons sûrement et ainsi de nous donner plus de possibilité de naviguer à la voile au lieu du moteur. Pour les navigations au portant, nous décidons finalement de n’emmener qu’un gennaker de descente. C’est la voile verte sur la photo au milieu en haut et en bas à gauche sur la photo au milieu en bas. Et nous ne retenons pas le spi symétrique pour limiter le nombre de voiles et la difficulté d’utilisation en équipage réduit. Le diagramme avec nos trois voiles d’avant est représenté sur la cinquième photo sous une forme rectangulaire.





Bilan électrique
Après notre rendez-vous du mercredi, nous avons travaillé sur les moyens de production électriques. En effet, il est possible de produire de l’électricité à bord d’un bateau de 5 manières différentes en général : alternateur branché sur le moteur de propulsion, générateur diesel dédié, panneaux solaires, hydrogénérateur ou éolienne. Outremer ne propose pas la dernière option, bruyante et dangereuse (voir cette vidéo de l’Ultim Challenge) mais les quatre autres. Étant donnée la taille du bateau, notre volonté de naviguer avec un minimum d’énergies fossiles et un minimum de maintenance sur le bateau, nous passons très vite sur l’option générateur aussi.
Nous aurons de toute manière de la co-génération avec le moteur, puisque il chargera presque sans sur-consommation à tous les moments où nous aurons besoin de lui pour nous propulser. Mais comme nous voulons naviguer essentiellement à la voile, ce ne sera que du « bonus » et nous ne voulons pas compter dessus en permanence.
L’idéal à bord d’un voilier sous les tropiques sont les panneaux solaires car ils fonctionnent presque sans aucune maintenance avec une énergie parfaitement propre et presque sans danger et nous espérons bien passer 15 mois au soleil. Nous chercherons donc à maximiser la production mais aussi le stockage pour traverser les périodes sans soleil (nuit, temps couvert ou bien ombres portées). Nous sommes cependant limités dans les options standards puisque nous ne voulons pas prendre le bimini complet en carbone mais seulement la version en toile. Cela nous amène à plus ou moins 1 200 W de puissance installée et 9 000 Wh de capacité de stockage dans nos trois batteries Lithium (soit environ 2 jours de production).



Quant à l’hydrogénérateur, il permet de produire de l’électricité à partir de la vitesse du bateau en navigation mais il nécessite d’être installé, rangé, maintenu et des pièces de rechanges (notamment l’hélice qui est exposée aux frottements de l’eau). Après la formation maintenance, celle de l’entretien des moteurs diesel et électricité, nous nous disons qu’il vaudra sans doute mieux faire tourner un peu les moteurs, ne serait-ce que pour les maintenir en bon état de fonctionnement plutôt que d’ajouter un système supplémentaire sur le bateau.
Pour nous aider à décider, Outremer nous fait faire un bilan de nos consommateurs électriques pour identifier les scénarios où nous pourrions manquer d’électricité. Ces consommateurs électriques se répartissent en 5 grandes familles : l’électronique (qui sera allumée 100% du temps en navigation), les systèmes de navigation (qui servent ponctuellement), les éléments de conforts, les lumières et enfin tous les éléments qui fonctionnent en 220V via le convertisseur.
Outremer a répertorié les consommations en ampères (en 12V) de tous les éléments fournis par le chantier et nous ajoutons celle qu’on pense avoir à bord en plus (en particulier écrans à charger…). Nous réalisons sans trop de surprise que les plus gros consommateurs au mouillage seront les éléments de confort. En premier les frigos qui représenteront plus d’un tiers de la consommation électrique, puis le système pour fabriquer et distribuer notre eau à bord qui consommera un quart, et enfin les écrans avec leur alimentation et l’accès internet feront un autre quart. Le reste est un peu de lumière et de divers systèmes utilisés brièvement. Nous avons choisi de rester sur du gaz pour la cuisson des aliments car il aurait pratiquement fallu doubler la taille du système de production et de stockage pour être autonome en choisissant l’électrique. Cependant, nous décidons d’emmener un plaque électrique portable à induction pour utiliser les surplus et économiser du gaz.
En navigation, la consommation double pratiquement à cause de l’électronique de bord et surtout du pilote automatique qui fonctionnera la plus grande partie du temps. C’est ce mode qui dimensionne le système et où nous devrions avoir à faire tourner les moteurs pour compenser environ 1h par jour à cause de notre choix de ne pas prendre d’hydrogénérateur. Ceci dit, les moteurs permettent aussi de faire de l’eau chaude via leur circuit de refroidissement (co-co-génération) et ça pourrait nous ajouter un peu de confort à bord. Ce sera aussi l’occasion de pouvoir choisir d’économiser de l’énergie en barrant davantage ce qui n’est pas non plus un choix si désagréable !
Premiers choix d’électronique
Les discussions de la semaine ont également été propices à la réflexion sur le système d’électronique à bord justement. Nous avons plusieurs bonnes raisons de vouloir le simplifier au maximum. D’une part, nous sommes déjà très absorbés par les écrans en général et préfèrerions limiter les écrans visibles sur le bateau. Ensuite, davantage de moyens d’imaginer notre route risque fort de se transformer en davantage de temps passé à l’optimiser sans que ce soit nécessairement « mieux » pour l’équipage. Un papa absorbé dans ses réflexions devant son écran à longueur de journée n’est pas le souhait de l’équipage. Un peu d’aide à la navigation permet certainement d’avoir une meilleure vision de la météo et une planification de la route permettant d’éviter les gros dangers mais nous faisons ce voyage pour nous confronter au monde et à la vie qui comporte aussi des situations désagréables que nous traverserons ensemble dans notre bateau équipé pour.
Outremer et Pochon propose par défaut d’installer un traceur de carte (un grand écran en couleur) au poste de barre à roue à l’extérieur. Nous en avons déjà eu placés pareillement sur deux bateaux de location et cela présente un inconvénient majeur. La préparation de la route et la surveillance des autres bateaux (via l’AIS et le radar) se faisant sur cet écran, cela demande de passer du temps debout devant l’écran à l’extérieur ce qui n’est ni confortable ni sûr en particulier la nuit ou par mauvais temps. De plus, cela incite à passer son temps à la barre « le nez dans l’écran » puisqu’il s’agit d’un grand écran en couleur dans le champs de vision…
Le premier choix d’Antoine serait de retirer complètement ce traceur et même de ne pas en mettre du tout, simplement un ordinateur à la table à carte avec un logiciel de navigation type Adrena Octopus dont Rom Arrangé nous a vanté les mérites lors de la sessions de formation. Ensuite, nous rajouterions des petits écrans (principalement en noir et blanc, pour afficher les données essentielles à la navigation comme la force et la direction du vent et la vitesse) devant chacun des postes de barre.
Pour le pilote automatique, nous décidons de nous passer de pilote de secours car nous serons suffisamment à bord pour barrer et réparer en cas de défaillance de celui-ci. Nous prévoyons aussi un renvoi de la commande à la table à carte car cela permet de piloter le bateau de l’intérieur de nuit ou en cas de mauvais temps.
Nous voulons aussi récupérer toutes les données des capteurs (que nous gardons sur la gamme performance, comme le pilote) sur le réseau car nous avons une idée derrière la tête qui nous permettrait peut-être de nous passer d’ordinateur. Un des propriétaires présent navigue uniquement avec son iPad équipé de Weather4D et cela nous paraît encore plus sobre (d’autant que nous aurions problablement un iPad à bord de toute façon). Encore des points à valider avant début juillet !
Des conseils tous les jours, des idées plein la tête
Ce rendez-vous de leurs (futurs) propriétaires proposé par le chantier Outremer a été pour nous une manne d’informations et de rencontres ! Pendant les formations mais aussi à chaque moment convivial, nous avons eu des discussions qui nous ont orientés dans nos choix d’options et nous ont donné des idées pour notre projet à venir. Nous repartons avec des idées plein la tête et heureusement car nous devons valider la plus grande partie de la configuration (à part les couleurs) d’ici début juillet 2023 !


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