Saison 2 Ep 6 : À la recherche d’une fenêtre météo favorable vers la Grèce


Depuis de nombreux mois, nos projets de tour de Méditerranée passent par la Grèce que nous imaginions atteindre mi-juin après trois grandes étapes de 2 ou 3 jours de navigation entrecoupée de parenthèses idylliques pour découvrir San Pietro et Sant’Antioco au Sud-Ouest de la Sardaigne ainsi que Malte… Comme vous le savez, ce n’est pas vraiment ce que nous avons pu faire avec la météo que nous avons eu et notre capacité à naviguer dans la mer formée. Nous ne sommes donc qu’au Sud-Ouest de la Sardaigne alors que le mois de Juillet est déjà commencé.

Or, le frère d’Antoine, Jean-Baptiste, sa femme, Marie, et leur 5 enfants de 13 à 4 ans ont organisé leurs vacances de 3 semaines en Grèce pour pouvoir naviguer une semaine avec nous sur Loela. Ils arrivent le 13 juillet en avion à Kalamata au sud de Péloponnèse. Ce port possède aussi un aéroport, ce qui en fait un point de rendez-vous très pratique. Avant le départ, nous avions plutôt confiance d’être au rendez-vous car nous pensions passer deux mois autour de Kalamata (un mois à l’Est en Grèce, un mois au Nord dans l’Adriatique)…

Mais, à présent, nous sommes le 1er juillet et il nous reste au moins 4 jours de navigation avec un arrêt à Malte. Ça c’est la théorie car dans la pratique il faut une fenêtre météo correcte pendant ces 4 à 5 jours avec du vent mais pas trop et des vagues clémentes.

On se prépare à Guidi

Lundi 1er juillet, c’est le début de la saison touristique. Nous étions tranquillement installé hier soir 30 juin avec le bateau à 100 mètres de la plage de Guidi. Tous les enfants sont à la plage avec Magali pour faire des châteaux de sable (super sable à château élu numéro 2 après Rocapina en Corse). C’est à ce moment que nous voyons arriver un bateau des gardes-côtes qui vient poser des bouées à 150 mètres de la plage pour délimiter la zone interdite aux bateaux pendant la saison… Évidemment nous sommes maintenant trop près, il va falloir déplacer le bateau… ce qu’ils viennent nous signaler quelque temps après avoir posé leurs bouées… nous déplacerons le bateau après le retour de la plage et on en profitera pour se mouiller plus à l’ouest pour se protéger des rafales prévues dans la nuit et de la mer de Nord-Ouest qui commence à se lever avec la Tramontane qui remplit toute la Méditerranée depuis deux jours.

Nous prévoyons de partir vers le sud-est le lendemain matin pour rejoindre la Sicile. On se prépare donc pour une traversée de 2 jours : Magali prépare des repas en avance (quiche lorraine, lasagne, gâteau) et Antoine inspecte les moteurs. Il faut dire que nos 2 moteurs ont atteint les 50 heures d’utilisation et c’est le moment de la première révision par un motoriste Volvo agréé. Seulement c’est plus compliqué que prévu de trouver un rendez-vous, depuis jeudi dernier Antoine presse le chantier de Sant’Antioco, en direct et via le responsable de la marina de Carloforte qui nous a donné ses coordonnées, pour avoir un devis et un rendez-vous mais ils sont toujours trop occupés pour nous répondre. Nos espoirs d’obtenir un créneau de révision dans les jours à venir sont donc bien minces. D’autant que la personne de chez Volvo contactée directement nous annonce doctement que « en juillet-août il faut s’y prendre 4 à 5 semaines à l’avance pour obtenir un rendez-vous d’entretien »…


Après dîner ce lundi soir, Antoine et Magali vont en annexe à la plage pour jeter les poubelles : c’est compliqué d’en trouver, on sera obligé de mélanger le recyclage avec le tout venant. En repartant de la plage on voit arriver le bateau-copain Ilo, nous fonçons en annexe les accueillir (c’est l’occasion de faire planer l’annexe, Antoine s’amuse avec un rien) et leur montrer où mouiller leur ancre. Ils viennent à bord pour prendre un petit verre de rhum et discuter de nos expériences et projets. Pendant leur navigation ils ont pêché un magnifique Marlin bleu, ils nous en offre un énorme filet qu’on dégustera vendredi en cubes marinés et revenus à la poêle. C’est super sympa mais on se couche un peu tard, le réveil sera certainement difficile pour notre départ le lendemain matin.

Premier départ avorté

Le vent s’est levé dans la nuit avec des rafales jusqu’à 35 nœuds. Antoine surveille si on ne dérape pas (« déraper » quand on est au mouillage, signifie qu l’ancre se décroche et qu’on dérive, poussés par le vent ou le courant), ce qui ne facilite pas le repos même si le mouillage tient finalement très très bien. Quand le réveil sonne à 6h ce mardi 2 juillet le vent est toujours très fort. On décide de rester ici le temps que ça se calme, il faut que la grande traversée soit un plaisir pour l’équipage et non un stress.

Dans la matinée Antoine répare une petite fuite du dessalinisateur grâce à la loctite 577 prêtée par Frédéric sur Ilo (en échange de ruban Teflon dont celui-ci avait besoin pour bricoler sur son bateau). Et, cerise sur le gâteau, nous avons obtenu un rendez-vous chez le chantier agréé par Volvo pour le lendemain, mercredi matin à 9h ! Il se situe à une vingtaine de milles, de l’autre côté du pont – non relevable – qui relie Sant’Antioco à la terre. Nous devrons donc naviguer environ 3h dans le vent et les vagues pour rejoindre le chantier. Nous décidons d’attendre le lendemain matin que le vent se calme un peu.

L’après-midi nous profitons de la plage avec l’équipage d’Ilo. Frédéric nous montre comment mouiller l’annexe pour la laisser proche de la plage mais pas dessus malgré les vagues qui sont arrivées avec le vent. Nous sautons de rochers en rochers à la découverte de piscine d’eau de mer chaude. Arthur joue au bobyboard dans les vagues et donne envie à tous les 5 enfants de se faire glisser dans les rouleaux avec ou sans planche. Le soir c’est apéro sur Ilo : on profite de ce moment car on ne sait jamais si on partira ou pas le lendemain.

Révision des moteurs et deuxième tentative

Mercredi 3 juillet le réveil sonne à nouveau à 6h mais cette fois-ci il faut vraiment partir pour notre rendez-vous chez Volvo sur l’île d’à côté à 3h de navigation. Tout le monde mange un peu et prend un médicament contre le mal de mer car le vent souffle toujours et les vagues devraient être bien formées. Ensuite, les enfants se recouchent et Antoine et Magali feront la navigation à deux. Nous avons prévu d’aller faire la révision et d’aller rejoindre Ilo dans un mouillage au Sud-Est de Sant’ Antioco pour découvrir une nouvelle plage.

A la sortie du mouillage, le vent n’est pas très impressionnant 10-12 nœuds ni les vagues inférieures à 1 mètres. Mais nous sommes encore protégés par la côte de l’île et nous décidons de partir avec deux ris (un « ris » est une bande prévue pour réduire la surface de la grand-voile ; deux ris, c’est environ 4 mètres de grand-voile que l’on replie en bas). Dès qu’on est sortis de l’abri, les vagues augmentent et on estime à 1,5 m de creux. C’est à peu près ce que nous avions au Nord de la Sardaigne mais cette fois elles viennent de l’arrière, ce qui est beaucoup plus confortable. Le vent monte aussi mais comme il est de l’arrière, notre vitesse en efface une grande partie, nous larguons les ris rapidement et mettons le cap sur la pointe Sud en deux grands bords. C’est plutôt confortable et rapide.

En fonction des reliefs des îles le vent accélère ou ralenti entre 12 et 22 nœuds. Au cap Sud de l’île de Sant’Antioco, la mer se calme et nous glissons sans effort mais dès que nous sortons de l’autre côte, il faut maintenant remonter vers le vent, qui est en plus canalisé entre l’île et la Sardaigne. Nous reprenons les deux ris car le vent augmente jusqu’à plus de 30 nœuds quand on ajoute notre vitesse. Ça fait faire du sport !

Nous arrivons à 9h30 au quai du chantier juste devant le pont qui relie l’île de Sant’Antioco à la Sardaigne. Matteo, le mécano, change l’huile et les filtres des 2 moteurs et vérifie que tout est ok.

Petit commentaire pour les voyageurs : le plan d’entretien des moteurs Volvo précise à 50h qu’il faut changer « transmission, oil and filters ». Cela semble signifier qu’il faut changer l’huile du Saildrive (la transmission de la puissance du moteur à l’hélice sous le bateau, un peu comme la boîte de vitesse d’une voiture). Cependant le patron du chantier ne démord pas qu’il convient de changer l’huile et les filtres à huile des moteurs et qu’il est impossible de vidanger un Saildrive sans sortir le bateau de l’eau pour vidanger « par en-dessous ». Ce n’est pas l’avis du motoriste ayant monté le moteur pour Outremer mais nous déciderons de laisser faire le chantier, du moment qu’il tamponne les livrets de garantie Volvo

Comme nous sommes sur le ponton carburant et que nous espérons pouvoir aller en Grèce, Antoine rajoute du gasoil dans le réservoir. Le plein complet ajouterait 100kg donc nous nous limitons à 220L sur les 300 que contient le réservoir. Pendant la maintenance et le plein, le reste de la famille est partie à pied au supermarché le plus proche pour refaire le plein de vivres.

En théorie, nous devrions quitter les lieux dès leur retour mais nous déjeunons au quai de carburant et Antoine charge les dernières prévisions météo : il y apparaît une opportunité de rallier Malte avec du vent mais moins que prévu ces derniers jours. En plus nous avons des repas préparés depuis l’avant-veille donc nous sommes plutôt prêts, même si Magali se sent un peu fatiguée par la journée débutée tôt et les courses. Le trajet passe devant plusieurs abris dans lesquels on pourrait s’arrêter avant si les conditions sont trop dures à l’extrême sud de la Sardaigne ou en Sicile. Exit le mouillage paradisiaque pour la soirée, c’est surfs au portant comme le matin qui se profile, normalement pas plus ardu…

C’est parti pour une grande navigation : on sort du port avec plus de 20nds de vent au portant et de grands espoirs de traversée express vers Malte et ses beautés.