Saison 2 Ep 20 : Une traversée mouvementée vers la Corse

De Ponza nous avions décidé de rallier directement la Corse en faisant une route en forme de grande banane le long des côtes italiennes, de l’île d’Elbe et d’arriver à Porto Vecchio. Nous espérons ainsi faire le tour d’un gros coup de vent qui sort des bouches de Bonifacio et bénéficier d’un vent de Nord-Est prévu le deuxième jour au large de l’île d’Elbe entre l’Italie et la Corse. Mais ça ne va pas vraiment se passer comme prévu.

Un début de traversée tranquille

Samedi 17 août nous sommes partis de notre mouillage de Ponza vers 11h après une dernière baignade. Le temps est gris, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu des nuages. Mais il n’y a pas beaucoup de vent. Nous contournons l’île par le sud puis l’ouest au moteur et nous ne sommes pas secoués en déjeunant. On arrive à faire un peu de voile mais à 16h le vent retombe et on allume un moteur pendant une heure. Le vent revient du nord-ouest on peut enfin mettre les voiles et glisser sur la mer. C’est le temps pour des jeux de société et des coloriages de mandalas : zen attitude.

Nous prenons notre rythme habituel de quart avec un vent faible, nous avançons toute la nuit à 4 – 5 noeuds.

Orage, oh désespoir !

Dimanche 18 août matin Antoine voit des cumulus qui bourgeonnent à l’est devant Rome. C’est signe d’un petit front qui doit nous amener le fameux vent de Nord-Est mais ça peut aussi être le siège de formation orageuse. D’ailleurs vers 9h le vent tourne brusquement dans un sens puis dans un autre, Antoine change de direction plusieurs fois en empannant pour suivre le vent.

À midi un orage passe devant nous et aspire le vent dans son sillage, presque plus de vent. Magali suggère d’allumer le radar pour tester la visualisation des nuages actifs sur l’écran. On voit bien des masses orageuses qui se forment tout autour de nous. Nous roulons le code zéro qui nous permettait de nous déhaler dans les vents évanescents jusqu’ici pour dérouler le dolent avec lequel nous serons plus à l’aise pour changer de direction rapidement. À 13h nous sommes rattrapés par un énorme nuage gris noir que nous ne pouvons éviter. le vent accélère franchement. Nous commençons à prendre le premier ris puis affalons la grand-voile complètement alors que le vent vient de dépasser 25nds, en montée rapide et que nous sommes sous une pluie battante. Nous allumons les moteurs pour essayer de nous échapper. Malheureusement un éclair tombe juste à côté de nous et notre girouette électronique du haut du mat se met en carafe : plus aucune information sur la vitesse et la direction du vent ne s’affiche !

L’orage continue, nous voulons mettre nos téléphones qui font GPS portable et une VHF dans une cage de Faraday pour éviter de griller … mais le four est trop chaud avec la cuisson du cake du déjeuner… on sort la cocotte minute du placard pour tout mettre à l’intérieur au cas où on prenne d’autres impacts de foudre.

Après l’orage le vent retombe, on décide de hisser à nouveau la grand-voile mais ce faisant on inonde un peu l’intérieur car la voile était pleine d’eau de pluie qui se déverse sur le toit de la cabine et donc par les hublots à l’avant, que les enfants avaient réouverts pour aérer ! Les enfants épongent tout (y compris la carafe d’eau qui a chu dans la précipitation, sur les affaires qui avaient été évacuées en urgence devant l’inondation initiale), pendant que les parents se demandent comment zigzaguer entre les nuages orageux pour ne pas se reprendre la foudre.

Arrêt technique à Civitavecchia

Finalement les parents décident de rallier le premier port disponible pour essayer d’analyser et réparer les dégâts. Le front semblant particulièrement actif, nous jugeons plus prudent de ne pas continuer sans information précises sur le vent. On se déroute vers la Marina Riva Di Traiano qui nous a répondu favorablement au téléphone (heureusement nous sommes revenus à portée de 4G).

On arrive à 16h à notre place guidé par deux zodiac du port. Nous ne sommes pas les seuls à venir se protéger des orages, plusieurs bateaux sur le ponton visiteurs ont fait le même choix que nous. Comme c’est dimanche il n’y a pas de technicien électronique ouvert. On ne peut rien faire pour l’instant alors on se repose de nos émotions !

Lundi matin Antoine contacte Outremer et Pochon (le fournisseur de la girouette) pour diagnostiquer la panne. Il monte en haut du mat pour voir les dégâts : rien ne semble brulé. Donc on n’a pas pris la foudre directement, nous ne pouvons que faire des conjectures sur la nature de la panne. Pochon nous informe qu’ils ne peuvent rien faire à distance et qu’il faut leur ramener le bateau pour identifier la panne et la réparer.

Dans un port on a de l’eau et de l’électricité, les enfants en profitent pour nettoyer le pont du bateau. La dernière fois c’était à Paxos en Grèce alors il y a du travail (heureusement l’orage a fait un pré-lavage). Magali lave l’intérieur et Antoine va voir les magasins d’accastillage pour acheter ce qui nous manquait pour fabriquer un orin.

L’orin est un bout terminé par une bouée pour repérer et récupérer l’ancre si elle se coinçait. Il se fixe sur l’ancre et flotte jusqu’à la surface au-dessus de celle-ci.

Nous en avions bricolé un mais il était compliqué à installer. Maintenant nous avons un mousqueton et un système de réglage automatique de la hauteur pour éviter que la bouée (un ancien pare-battage de notre corsaire Thierry Georges) ne s’éloigne de l’ancre.

La marina est assez éloignée de Civitavecchia, on devrait marcher longtemps ou trouver un bus et donc on ne peut rien aller visiter facilement. Le temps est nuageux et pas de plage à l’horizon. Il n’y a pas non plus de magasins d’électronique de la marque de notre girouette, on ne pourra pas réparer ici. Tout ça nous fait décider de partir de cette marina sans girouette électronique. Les orages et le vent se sont calmés sur la route de la Corse, au pire on mettra le moteur pour rallier la Corse (ça coûtera même moins cher qu’une nuit supplémentaire ici)

On repart vers la Corse sans girouette

Mardi 20 août réveil à 6h30 d’Antoine et Magali pour appareiller à 7h30 vers la baie de Porto Vecchio. On estime à une trentaine heures de navigation dans un vent faible. Et ce sera mieux de ne pas avoir trop de vent avec la girouette-anémomètre en moins. En effet la girouette donne la direction du vent mais on a une autre girouette normal en haut du mat qui nous montre la direction du vent. Ce qui va nous manquer surtout c’est la force du vent mesurée par l’anémomètre car on adapte le type de voile et la taille des voiles en fonction de la force du vent : on va devoir se fier à nos sensations, à l’observation de l’état de la mer et à la vitesse du bateau. C’est beaucoup moins précis !

Les prévisions météo ne sont pas trop mauvaise pour une fois, le vent est faible : on alterne entre voile et moteur.

On profite du calme pour avancer sur la rédaction du blog, bricoler l’orin et fabriquer des poches pour la séparation en tissu des filles. Pour briser ce calme ambiant, on met la musique à fond et on danse tout en préparant le dîner. Que de sport à bord !

La nuit se déroule très bien. Mercredi 21 au lever du soleil on voit les montagnes corses. Antoine profite du réseau pour travailler sur la météo et le programme à venir. Les vents d’Est qui pourraient nous pousser correctement vers La Grande Motte, notre but final, ne souffleront que le 21/22 (trop tôt) puis vers le 25/27. On opte pour ce dernier créneau avec un départ le lundi 26 de Corse. Cela nous permettra de visiter le sud-est et le sud de la Corse.

Mais avant tout ça on va se concentrer sur notre arrivée devant Porto Veccio. On cherche une anse protégée (car à l’arrivée en Corse, le vent d’Ouest est fort et surgit de toutes les vallées à l’est de la Corse) avec un supermarché à proximité. À 11h on arrive en baie de Stagnolu dans le chenal vers Porto Vecchio, mais la baie est pleine d’algues on ne trouve aucun patch de sable pour poser l’ancre correctement. Il y a même un bateau échoué sur la plage, signe d’une mauvaise accroche des fonds.

On abandonne cette baie et on se dirige juste en face à Marina Vizza devant une minuscule plage de sable rose encadrée de rocher rouge. On est le seul bateau mais on voit sous l’eau de grande étendue de sable. L’ancre se pioche parfaitement. On sera au calme pour se reposer de cette traversée.

Après notre séjour en Italie, nous sommes ravis de retrouver les paysages sauvages de Corse que nous aimons tant. Certes l’eau est un peu plus fraîche (27 degrés) mais on va apprécier ces quelques jours en terre française (les enfants ont hâte de comprendre les gens qui nous entourent)

2 réponses à « Saison 2 Ep 20 : Une traversée mouvementée vers la Corse »

  1. Avatar de Lalance Dominique

    Grosses bises à toute la famille!

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    1. Merci Dominique ! C’est transmis

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