Après notre premier faux départ à 15h vers le nord de Formentera, des orages et grains potentiels à laisser passer, en faisant une partie de Unlock! pour patienter, nous levons l’ancre à nouveau vers 17h30, direction cette fois le sud de l’île. En effet, nous prévoyons un vent plutôt du secteur sud-Est donc nous avons tout intérêt à gagner d’abord dans le Sud.
Vent du Sud puis vent du Nord pour passer de l’Est à l’Ouest
Cette fois, c’est le gennaker que nous hissons pendant que nous avançons vers la pointe sud de l’île, passant devant notre ancien mouillage près du marché hippies de la semaine précédente. Nous déroulons quand même les lignes de pêche car tous nos amis nous disent que c’est très poissonneux par ici. Bien nous en a pris car dès 19h, ça mord et nous remontons une petit bonite qu’Antoine découpe aussitôt. C’est notre deuxième poisson et cette fois Antoine applique les conseils de Jean-Christophe en découpant d’abord la tête puis levant les deux filets avant de retirer la peau. Nous aurons de quoi faire un ceviche pour nous 6 mais pas plus car elle n’était pas très grosse.
Juste après cette première pêche, nous remontons les lignes car le soleil se couche. Le vent arrive alors de l’ESE, nous permettant de dérouler le gennaker et faire route à la voile vers le SW. Nous dînons en serant le vent au maximum que permet notre grande voile orange, nous filons environ 8nds dans 10-11nds de vent ce qui est très satisfaisant, d’autant que la mer est bien plate. Nous prévoyons nos quarts habituels commençant par les enfants puis Magali puis Antoine car le vent va d’abord tomber puis tourner au nord et forcir au cours de la nuit. Nous prenons donc un ris par précaution et roulons le gennaker avant le quart d’Arthur et Alice.
Le vent tourne effectivement par le Sud au milieu de la nuit, nous forçant à mettre le moteur pendant 1h pour traverser ce petit front heureusement peu actif. Le vent rentre tranquillement du NW et Antoine et Magali redéroulent le gennaker à 2h du matin dans un petit vent de 8nds. Le vent continuera à tourner à droite, au N puis au NNE, jusqu’au petit matin. A 5h, la mer s’est bien levée et nous surfons régulièrement à plus de 12nds dans les creux de plus d’un mètre avec plus de 15nds de vent. La girouette perd à nouveau la tête et nous devons remettre le pilote en mode cap.
Girouette épisode suivant : nous avons testé le mode vent apparent direct girouette mais en l’amortissant « seulement » à 7 sur 9, puis réglé la contre-barre qui était un peu haute et empêchait le pilote de bien aller jusqu’au bout de ses corrections. Néanmoins, la conduite en mode vent restait trop volage et nous n’avions pas encore confiance.
Nous espérons que B&G va trouver une solution logicielle et sans doute essaierons nous à nouveau en mode vent apparent en amortissant encore plus la prochaine fois. A suivre encore…
Le vent forcit encore jusqu’à plus de 20nds à 8h alors que nous sommes en approche du dispositif de séparation du trafic du cap qui précède Cartagena. Nous faisons des surfs à plus de 15nds (17.4nds max) alors que nous passons de la longitude Est de Greenwich à la longitude Ouest ! Pendant les prochains mois nous ne repasserons plus dans les longitudes Est !
A l’approche du rail, nous décidons d’empanner avant de rentrer dans le trafic, et de rouler le gennaker pour calmer un peu le bateau et faire prendre du repos à nos organismes un peu fatigués par la nuit. Antoine part faire la sieste pendant 1h30 avant que nous n’empannions à nouveau en direction de Cartagena et traversions le rail des cargos en visant derrière eux. L’AIS est d’ailleurs une merveille pour nous aider dans cette entreprise, d’autant que Weather4D nous permet d’avoir un calcul en temps réel des positions les plus proches que nous aurons avec chaque bateau sans changement de trajectoire. Cela permet de viser les bateaux plus facilement et d’assurer les croisements.
Une fois le rail passé, le vent faiblit régulièrement en arrivant sous la côte de Carthagène, constituée de très hautes falaises désolées sans presque aucun bâtiment. Les vagues aussi diminue maintenant que nous sommes à l’abri du cap. Alors que nous approchons à petite allure de l’entrée du port commercial, nous remarquons un nom de bateau que nous connaissons sur l’AIS. Nous l’appelons à la VHF et conversons quelques minutes. Il s’agit de notre voisin de ponton à notre départ de la Grande Motte qui arrive presque directement de là-bas. Ils comptent mouiller devant le port et peut-être repartir aussitôt le lendemain.
Au loin, nous voyons aussi le voilier Maela qui était parti presque 36h avant nous de Ibiza et qui repart déjà vers l’Ouest. Nos amis de Kookabura nous ont aussi annoncés qu’ils repartaient le matin. Il faut dire que la fenêtre météo est vraiment bonne pour descendre plus loin vers l’Ouest. Mais nous voulons voir Cartagena, où Antoine est déjà allé plusieurs fois pour le travail quand il était en visite dans le site Eurofins entre Cartagena et Murcia.
Nous passons donc entre les cargos mouillés au loin à l’Ouest et le port commercial très moche pour rentrer dans l’anse au fond de laquelle est niché le port de Cartègne, très bien protégé. Le vent venant du Nord, nous affalons sous les falaises après le port commercial avant de rentrer entre les digues au moteur. Nous devons nous annoncer à la VHF pour prévenir les autorités du port militaire que nous voulons rentrer (il s’agit d’un port militaire très actif avec même des sous-marins). L’autorisation est accordée immédiatement et nous passons entre les digues pour rejoindre la marina que nous avons réservée, qui nous fait attendre près de trois quarts d’heure, le temps de placer deux autres bateaux avant nous. La place est étroite mais nous réussissons à nous y glisser, non sans laisser un petite marque de ponton sur la coque, heureusement légère.




Visite de la ville de Cartagena
Dès que nous arrivons à notre place de port, nous descendons à terre pour découvrir Cartagena. La ville, fondée par les Carthaginois aux alentours de 220 av. J.-C., s’est développée autour du port commercial et militaire dès la période romaine. Il faut dire que la baie est profonde et très bien protégée par plusieurs collines avec des forts militaires partout.
Nous sortons du port et prenons d’abord un escalier extraordinaire avec une fresque marine impressionnante. Nous débouchons sur de grande artères plantées de genre ficus aux troncs énormes. La ville est recouverte de drapeaux espagnols signes de la fête nationale il y a quelques jours, même les fleurs sont rouges et jaunes ! Nous avisons rapidement un café qui sert des churros à tremper dans du chocolat chaud : ça nous fait un très bon goûter. Avec cette énergie retrouvée nous déambulons dans les petites rues piétonnes aux immeubles ornés de belles façades mais dans un mélange de styles hétéroclites. Beaucoup de bâtiments sont en travaux un peu partout. Nous finissons notre balade sur une grande place avec des aires de jeux variées.











Nous recherchons un restaurant de tapas pour dîner, les avis nous guident vers un très bon établissement avec des tapas très travaillés et originaux. On teste aussi un cocktail ressemblant à la Sangria qui est très bon. On le place au deuxième rang de notre classement des Sangria et des tapas, pour l’instant le meilleur est celui de la vieille ville d’Ibiza.



Nous nous apercevons que tous les musées et sites archéologiques sont fermés dimanche après-midi et lundi, on n’est pas arrivé au bon moment pour visiter. Alors on va rechercher des parcs ouverts autour des sites romains. Tout d’abord nous apercevons les fouilles du forum romain et d’un temple. Et ensuite nous voyons le superbe théâtre romain à travers les petites rues adjacentes. Même de nuit il est impressionnant, il a été découvert assez récemment (en 1988) et très bien restauré. On voit qu’ils ont du détruire les immeubles environnants pour dégager les vestiges.




Vie à la marina pendant 2 jours
Lundi 14 octobre, nous voyons une fenêtre météo pour partir vers Gibraltar dans l’après-midi, cependant des orages s’annoncent. Nous ne voulons pas prendre le risque de se prendre un éclair en mer. Nous préférons attendre que ça passe. Alors comme tout est fermé, nous profitons de la marina pour reprendre l’école sans vagues et faire des machines. En fin d’après-midi nous retournons prendre le goûter de churros et glace et faire quelques courses. Nous achetons enfin une carte SIM pour mettre dans le routeur du bateau et ne plus passer par le partage de connexion de nos téléphones. Nous voulons tester cette fonctionnalité avant de sortir d’Europe afin de capter le réseau internet pour l’école à bord. Nous tentons également de peindre le capot de notre moteur hors-bord d’annexe en bleu, ça permettra de bien l’identifier et de moins tenter les voleurs. Nous utilisons de la peinture en bombe, nous faisons pas mal de coulures mais de loin ça ira … on en conclut que les pochoirs avec le nom du bateau risquent d’être compliqués à réaliser correctement.


Nous sommes ainsi prêts pour repartir vers l’ouest… Mais encore une fois on doit différer car Antoine se réveille mardi matin avec un douleur extrême aux yeux. Grâce aux personnes du bureau du port on obtient un rendez-vous chez un ophtalmo dans la matinée et un taxi pour y aller. Ça a quand même des avantages de payer cher une place de port. Antoine va se reposer toute la journée et mettre ses gouttes anti-inflammatoires trois fois par jour. L’après-midi le reste de l’équipage nettoie tout le bateau avec notre nouveau Karcher car on a encore essuyé une pluie de sable rouge. Cet ustensile est vraiment beaucoup plus pratique que le simple tuyau qu’on utilisait avant. On peut aussi beaucoup mieux rincer l’accastillage du sel accumulé (poulie, manilles, winch et chariot).
Mercredi 16 matin, après une nouvelle tournée de lotion anti-poux (en préventif), l’école et une douche chacun (profitant une dernière fois de l’eau et l’électricité du port), on est enfin prêt à partir du port à midi.
Nous n’avons pas envie de partir dès maintenant à Gibraltar car jusqu’au lundi suivant les vents soufflent très fort et de face, pendant 5 jours. Nous avons 2 autres options : soit attendre dans une petite crique sauvage à la sortie de Carthagène pendant 5 jours, soit remonter au nord et retrouver les bateaux copains Apsara et Keep Kool qui sont dans un mouillage très protégé dans l’avant-port devant la ville de Torrevieja. Nous optons pour la deuxième option – protection et copains, d’autant plus qu’en sortant de la baie de Carthagène nous voyons la plage visée avec de nombreux cargo stationnés devant… ça ne fait pas rêver.
Après ces quelques jours à Carthagène et ce passage à l’Ouest, nous remontons donc vers l’est et le nord le long de l’Espagne pour laisser passer le mauvais temps et surtout retrouver les copains.



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