Pendant ces quelques jours à Carthagène, les vents ont tournés et ne se montrent pas favorable à une poursuite de notre voyage vers l’Ouest. Nous avons donc décidé de revenir quelques peu sur nos pas et vers nos amis Apsara et Keep Kool. Nous espérons aussi retrouver un peu plus vite un autre bateau-copain Outremer que nous avons cotoyé en juin et juillet entre la Corse et la Sardaigne, ILO avec Frédéric, Audrey et leurs deux enfants Titouan et Charline à bord.
Vent portant et belle prise
Les vents qui ne sont pas favorables pour aller à l’Ouest nous pousseront vers l’Est et le Nord facilement. Nous partons avec un ris dans la grand-voile, repassons devant le port commercial qui abrite une plateforme pétrolière (carrément !) et mettons le cap à l’Est en déroulant le solent.
Nous commençons la traversée par le déjeuner pris tranquillement dans le cockpit pendant la partie au vent de travers avec peu de vagues puisqu’elles sont tombées en même temps que le vent est tombé en tournant de l’Est à l’Ouest. L’allure n’est pas désagréable et nous ne tardons pas à accélérer en nous éloignant un peu des falaises. Nous déroulons alors le gennaker et les lignes de pêches car les fonds sont peu profonds et nous sommes en bordure de réserve naturelle.
Alors que nous doublons le Cabo de Palos en débordant les ilôts qui le prolongent par le large, la ligne file et Arthur remonte au bout de quelques minutes une magnifique daurade coryphène aux couleurs chatoyantes (et au sang qui tache terriblement) qu’Antoine s’empresse de découper immédiatement bien qu’avec quelque difficulté faute de couteau très adapté.
Une fois les filets emballés et mit au freezer, nous constatons que nous aurions dû empanner juste au moment de cette pêche miraculeuse. Nous empannons et tentons de remonter sous gennaker vers Torrevieja. Le vent est monté et nous ne pouvons plus faire route sous gennaker. Nous nous résolvons à le rouler mais déroulons à nouveau la ligne pour nous consoler avec un autre poisson. Elle file rapidement mais cette fois le poisson a l’air beaucoup plus gros et tire fort, à la manière d’un thon. Le fil se déroule beaucoup et en tentant de le freiner, nous bloquons la ligne plus qu’elle ne peut le supporter et elle casse, laissant le poisson partir avec le leurre victorieux et le bas de ligne… C’est un peu la soupe à la grimace pour le capitaine dont le dernier leurre approvisionné au départ vient de partir par le fond. Il va falloir se réapprovisionner bientôt. Heureusement, Dennie sur Apsara est un bon pêcheur et Matt sur Keep Kool connaît Torrevieja comme sa poche pour y avoir hiverné quelques mois. C’est le bonheur de naviguer à plusieurs bateaux, nous partageons nos expériences et connaissances.





Nous arrivons à 18h au mouillage dans l’avant-port devant les marina de Torreviaja. Apsara y est encore et Keep Cool est au ponton dans une marina pour quelques travaux. Cela facilite le débarquement et nous laissons les annexes près de lui. Ils nous indiquent les bonnes adresses : pour commencer on va déguster des waffles (gaufres belges) ou glaces dans le marché du port. Nous marchons dans les rues de la ville plutôt moderne, nous finissons le long de l’avenue du port avec de nombreux restaurants et cafés pour prendre ensemblenun pot de bienvenue.

Activités et partages entre amis
Jeudi 17 octobre, nous nous remettons à l’école le matin pendant qu’Antoine part avec Dennie faire des courses au magasin de pêche. Dennie pêche tout le temps des poissons alors Antoine essaye de prendre de bons conseils pour nous améliorer. Déjà il faut racheter de quoi faire d’autres leurres car les poissons nous les ont tous mangé et ensuite (quand on ramènera enfin les poissons) il nous faut un meilleur couteau pour lever les filets. Ils trouveront tout ce qu’il faut dans différentes boutiques.
L’après-midi nous débarquons au quai à annexe. Il est près de la ville mais pas très pratique car il faut se glisser entre des grillages. Nous allons à travers les parcs et voyons une fontaine à l’honneur des sauniers. En effet la ville de Torreviaja est connue pour son exploitation du sel des marais salants de la lagune rose depuis les romains déjà. C’est toujours le plus gros producteur d’Europe. Nous continuons jusqu’au Mini-Golf. Tout le monde prend un club et nous nous affrontons gentiment sur le joli parcours. Les trous sont plus ou moins durs mais tous y arrivent, Alice est déclarée championne du jour. Babette et ses enfants nous ont rejoint et enchaînent les pars aussi. Nous nous sommes bien amusés pour cette séance de sport.
Nous rejoignons le front de mer en passant par de jolies promenades et le vieux casino de la ville (le seul bâtiment un peu ancien). Nous retrouvons les skippers de Keep Cool et Apsara pour dîner au restaurant de barbecue coréen : ce n’est pas très local mais tout le monde adore griller soi-même ses tranches de viande et légumes sur le barbecue au centre de la table.










Vendredi 18 octobre on reste tranquillement sur le bateau car on a invité tous les copains pour dîner à bord. Nous faisons des petits bricolages : remontage de la ligne de pêche (grâce à la perceuse ça s’enroule plus vite) et peinture au marqueur du nom sur l’annexe (on a trop peur de faire des coulures avec le pochoir et la peinture mais pas sûr que ça dure avec les UV)
ILO rejoint le groupe
Pour le dîner on va partager notre daurade coryphène en ceviche car nous sommes les premiers à pêcher cette espèce de poisson. Pendant que nous préparons les crêpes du dessert nos copains d’Ilo arrivent au mouillage à côté de nous. Nous sommes bien contents de les retrouver depuis notre navigation commune en Corse en juin et Sardaigne en juillet.




Tout le monde vient à bord de Loela pour dîner, nous sommes 15 personnes à se retrouver dans la joie et la bonne humeur. Dennie a amené en plus de délicieux beignets d’espadon qu’il a pêché et cuisiné aussi. Il a été chef, et il a de beaux restes ! Chacun a amené une bouteille de vin à partager et nous goûtons les trouvailles. Nous buvons aussi de l’eau et nos hôtes nous font remarquer que notre eau de notre dessalinisateur est trop salée en comparaison avec celle des autres bateaux… il doit y avoir un problème de matériel à résoudre au plus vite. Les enfants nous avaient bien dit après leur retour sur le bateau que l’eau avait « un goût de lait » mais nous avions pensé que c’était le goût normal de l’eau de notre dessalinisateur. En fait, elle est un peu plus salée que les recommandations pour l’eau potable.


Aventures salines
Samedi 19 nous avons prévu d’aller visiter les salines avec le petit train. Il y a un départ à 16h30 puis 18h15. Ça nous laisse le temps de ranger Loela après l’école et à Antoine d’aller essayer de dépanner la porte d’Apsara et aider Fred pour remonter l’enrouleur ILO. Nous sommes prêts pour notre excursion de 16h30 jusqu’à notre arrivée au quai à annexe où Alice perd sa pince à cheveux dans l’eau. En la récupérant avec les pagaies, Alice tombe à l’eau et le téléphone de Magali fait plouf 😱. Antoine se jette à l’eau en caleçon pour le récupérer (il y a moins d’un mètre d’eau heureusement). Nous retournons en vitesse sur le bateau pour sécher les gens et le téléphone qui pourrait être une victime définitive de la baignade (même s’il fonctionne encore au retour sur le bateau). Suivant les bons conseils de nos amis qui ont perdus pas mal de données en pensant que l’iPhone « étanche » tombé dans l’eau de mer pouvait continuer à fonctionner normalement ensuite, nous décidons de chercher immédiatement à acheter un téléphone de remplacement pour Magali…
Après ces aventures on repart vers la ville pour la visite suivante en faisant bien attention à nos affaires. Antoine trouve une boutique où nous pourrions trouver un téléphone identique à celui de Magali, d’occasion et disponible immédiatement. Ensuite, nous retrouvons l’équipage d’Ilo qui nous accompagne. Nous montons dans un petit train qui roule à travers la ville en direction des salines. C’est un site industriel toujours en activité qui a été racheté par les Salins du Midi (d’où la vente de sel de Camargue dans la boutique), ils utilisent des machines flottantes pour récolter sans abîmer les sols. Nous longeons les marais salants roses dû aux micro algues. Les flamants roses ont dû partir en migration car nous n’en voyons aucun. Le petit train s’arrête près des montagnes de sel récolté récemment. Nous pouvons descendre et admirer le paysage des marais salants. Une guide nous explique l’histoire et le fonctionnement de l’exploitation du sel qui est livré partout dans le monde notamment en Europe du Nord pour saler les routes. Nous comprenons ce qu’était le changement du gros bateau qui se faisait remplir depuis 2 jours à côté de nous au port.
Une autre particularité du lieu est la confection de bateaux de sel : ils font des maquettes de bateaux qu’ils immergent dans le marais. Quand le sel est cristallisé sur la structure, ils les sortent et les mettent sous cloche pour les vendre.
Ensuite nous pouvons grimper sur un montagne de sel. Une croûte extérieur se forme et protège de la pluie le sel qui est en dessous. On a l’impression de marcher sur de la neige au soleil !
Au retour au point de départ, Antoine va chercher le téléphone pendant que les autres vont faire un petit goûter et nous pourrons transférer le téléphone de Magali dès le soir sans aucune perte de données. A l’heure où nous écrivons, son ancien téléphone est encore en train de sécher. Nous ne savons pas encore s’il a survécu…










Marchés locaux
Dimanche 20 octobre nous nous donnons rendez-vous pour déjeuner au Marché pirate. Une foire artisanale s’est installée pour le week-end sur la promenade du port avec des stands de cochons grillés et autres spécialités culinaires mais aussi des objets artisanaux. Arthur et Martin ont trouvé un vendeur de raclette, ils ne peuvent pas passer à côté de leur plat préféré. Les autres optent plutôt pour du cochon grillé ou hot dog local et délicieux. En dessert nous prenons des fruits séchés, Mathilde déguste les poires violettes séchées. Les fruits secs sont nos en-cas préférés pendant les quarts de nuit, c’est bien sucré mais pas écœurant, nous en faisons une belle provision pour les traversées à venir.




Après ce copieux déjeuner nous rentrons vers les bateaux, Martin et Mathilde vont jouer sur Ilo avec Titouan et Charline, pendant qu’Antoine va bricoler sur les différents bateaux. Arthur, Alice et Magali vont faire des courses à la supérette de la marina, on achète quelques produits et le propriétaire Andy nous demande de peindre un carrelage à l’image de notre bateau sur le parvis de sa boutique. Il fournit la peinture, les pinceaux et des coussins, Arthur et Alice se lance dans la réalisation de Loela en peinture, c’est magnifique ! 🤩 En discutant avec Andy du meilleur endroit pour faire un gros plein de courses que je ne trouve pas chez lui, il me propose très gentiment de m’accompagner en voiture le lendemain matin à un gros supermarché à l’extérieur de la ville. Le rendez-vous est donné pour le lendemain à 10h…






Préparatifs de réparation et de départ
Lundi 21 octobre le vent sera enfin dans le bon sens pour aller à Gibraltar. Nous devrons partir vers 15h pour arriver mercredi matin. Mais avant Magali part en approvisionnement avec Andy, pendant qu’Antoine essaie de comprendre le problème du dessalinisateur.
Il a emprunté le testeur de salinité d’Apsara et effectivement notre eau est 2 fois plus salée que la normale. Il appelle alors Outremer qui lui donne directement le contact chez le fournisseur Dessalator. Il analyse la situation avec l’ingénieur de Dessalator en testant chacune des 3 membranes séparément. Il semble que la première membrane est abîmée. Nous aurions eu trop d’air qui est passé par l’alimentation en eau. Antoine teste un bricolage pour produire uniquement avec les deux membranes qui sont correctes au cas mais cela produit très peu et nous nous disons que nous pouvons bien attendre la réparation en continuant de boire l’eau que nous buvons déjà comme ça depuis un mois. Il va falloir tout de même remplacer la membrane dès que possible. Nous pouvons la recevoir par un transporteur jeudi dans la marina de La Linea de la Conception, les autres endroits comme Tanger ou les Canaris étant trop compliqués. Nous réussissons à réserver dans la foulée une place au port à La Linea pour qu’ils acceptent notre colis.
Il ne reste plus qu’à se préparer à partir et ça prend toujours beaucoup plus de temps que prévu… Apsara et Keep Cool partent vers 14h, Ilo nous attend pour qu’on parte ensemble vers 17h.
Nous n’avions pas prévu cette étape à Torreviaja mais nous avons passé de très bons moments de visites et surtout de convivialité avec les copains. Une station balnéaire pas très belle se change en une expérience super sympa avec des amis. Nous allons les retrouver dans 2 jours à la limite de l’Espagne et de l’Angleterre.



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