Nous sommes arrivés dimanche soir à Tanger et nous sommes déjà jeudi matin mais la pluie ne nous a pas encore permis de visiter la ville. L’anticyclone des Acores est trop à l’est et au nord et laisse passer des dépressions dans son sud. Il y a des graves inondations en Espagne et le vent souffle du Sud et de l’Ouest alors que nous voulons aller vers le Sud-Ouest. Nous sommes encore bloqués ici quelques jours, alors nous allons en profiter pour découvrir ce pays africain avec un passé français.
La pittoresque médina
Jeudi 31 octobre nous avons rendez-vous avec l’équipage de Keep Cool et Apsara pour visiter la vieille ville de Tanger. Nous commençons d’abord par déambuler dans le souk, grand marché couvert. En premier c’est le bâtiment des poissonniers avec des étals en béton où les hommes découpent poissons et crustacés, les têtes de poissons et crevettes sont jetées directement au sol… l’odeur est forte et on ne s’attarde pas. Ensuite c’est le bâtiment des bouchers, là encore chaque échoppe découpe devant nous les quartiers de viande suspendus à des crochets à l’air libre. Plus loin les épices et olives dégagent des odeurs plus agréables. On finit par la partie avec les fruits et légumes et les pains, Dennis achète un panier garni de très beaux légumes pour 8€, on reviendra assurément faire notre marché ici.





Nous ressortons du souk à la recherche du meilleur vendeur de dattes qui se trouve un peu plus loin. On goûte les fruits des palmiers sucrés et savoureux. On trouve aussi la plus grosse grenade qu’on a jamais vu, elle fait la taille d’un gros melon … on mettra une semaine à la manger!

Nous entrons à présent par la porte arabe qui marque l’entrée de la médina. Ce quartier est constitué de minuscules rues bordées d’innombrables boutiques d’artisanat et de vêtements (de contrefaçon ? sans doute fabriqués en Chine pour la plupart et transportés par les grands cargo que nous avons croisés). Martin trouve alors un singe en peluche qu’il espérait depuis Gibraltar, il est ravi de sa trouvaille ! Nous déambulons à travers les rues qui se ressemblent toutes peuplées de touristes et de marchands ambulants ; en cherchant à descendre, on retrouve facilement le chemin du restaurant de la veille. Une petit arrêt là la pâtisserie marocaine s’impose pour retrouver des forces pour le chemin du retour jusqu’au bateau tout au bout du port.





Dessalinisateur réparé
Vendredi 1 novembre, c’est journée nettoyage et réparation. Magali part à la laverie de l’autre côté du port (30 min de marche aller), c’est l’occasion de discuter avec les locaux pour connaître comment faire le plein de produits secs avant de partir vers les îles. Antoine s’attaque au remplacement de la membrane du dessalinisateur que nous avions reçu à Gibraltar. Il faut d’abord tout démonter puis changer la pièce. Heureusement Dennie est venu l’assister, comme il l’a déjà fait sur son bateau Apsara, c’est beaucoup plus facile. Magali et Mathilde peignent à la peinture acrylique le nom de Loela sur l’annexe et son moteur pour qu’elle soit bien reconnaissable et peut-être dissuader du vol.


Le soir nous sommes invités à dîner chez Apsara. Babette a cuisiné un délicieux repas indien et nous avons apporté un tiramisu. C’est très sympa de se retrouver sur un autre Outremer 45, on partage sur tous nos petits trucs pendant que les enfants jouent ensemble.
Promenades sur les plages
Samedi 2 novembre au matin, Alice est bien motivée pour se lever tôt pour l’école car, en cadeau d’anniversaire en avance, Magali l’emmène faire une balade à cheval ensemble sur la plage à 14h. Le premier défi est d’arriver au club en taxi. J’avais (Magali) commandé un taxi conduit par une femme recommandée par une locale mais elle a crevé une roue avant de nous prendre. Nous marchons avec Alice jusqu’à l’avenue pour en héler un. Nous en trouvons un rapidement mais il ne parle que très peu anglais ou français. Je lui montre sur le GPS le Royal Club Équestre de Tanger. Nous y arrivons en avance mais quand le bureau ouvre sa porte on nous explique que les balades à cheval ce n’est pas ici mais au Royal Centre Équestre du Détroit à 30 minutes de là. 😟 Nous voilà reparti à la recherche d’un autre taxi qui ne parle pas plus anglais ou français, là encore le GPS nous amène à bon port. Nous n’avons qu’une demi-heure de retard. 😅. On apprend qu’il y a 3 Royal Centres Équestres à Tanger, on n’est pas les premiers à se tromper. Ce club est magnifique et les chevaux plutôt beaux. Un palefrenier nous prépare nos montures et nous accompagne à pied jusqu’à une très grande plage de sable blond. On nous avait dit qu’on ne ferait que du pas mais le palefrenier nous dit (en signe car on ne se comprend pas en arabe) que nous pouvons galoper : alors nous voilà partis Alice et moi le long de la mer à galoper en liberté. On est tous les deux super contentes de cette belle escapade. Alice est rassuré de n’avoir pas perdu ses réflexes à cheval. Quand le palefrenier nous fait signe, nous rentrons. Une fois les chevaux dessellés, il faut trouver un moyen pour rentrer. Je fais des messages à la chauffeuse de taxi mais sans réponse. Nous en profitons pour regarder les cours de saut d’obstacles, on se croirait en France avec le moniteur qui ne parle que français à ses élèves et les parents autour qui discutent en français… ça doit être vraiment réservé aux riches marocains. La chauffeuse de taxi ne répondant toujours pas, nous allons voir le gardien qui nous trouve un inDrive (équivalent du Uber marocain) pour rentrer pour moins cher qu’un taxi. Nous partageons la voiture avec un français qui est déposé sur le chemin. On discute de la culture marocaine vu par un français qui revient au pays pour les vacances scolaires.





Pendant ce temps Antoine est au bateau avec Arthur, Martin et Mathilde, il assiste à l’arrivée de nos copains sur Ilo. Antoine et Mathilde vont les accueillir avec la corne de brume sur la jetée. Ça ne fait pas plaisir au gardien car s’est interdit de se promener sur la jetée « à cause des trous entre les pierres » (comme si nous ne savions pas faire attention où l’on met les pieds !). Maintenant Ilo va passer par les longues formalités avec la douane.


Antoine arrive à motiver tous les enfants restants à bord pour marcher jusqu’à la plage et y faire une promenade en dromadaire. Il trouve un chamelier qui a une famille de dromadaires avec la maman de 14 ans, son fils de 6 ans et le petit dernier de 1 an. Arthur monte sur le fils qui est plus grand et Martin sur la maman. La première étape est de monter sur le dos du dromadaire couché, et ensuite de rester en selle quand il se relève sur ses pattes. Ils vont en caravane jusqu’à la mer et reviennent. Martin trouve que le pas du dromadaire bouge comme un bateau, il faut dire que le dromadaire amble contrairement au cheval qui marche. La descente s’effectue sans encombre, chacun est bien accroché pendant que leur monture se met à genoux. Mathilde est rassurée d’avoir vu ses frères en selle, alors elle va faire la balade avec Antoine. C’est unique de pouvoir faire du dromadaire sur la plage !





Nous nous retrouvons tous ensemble au ponton quand Ilo doit s’amarrer à côté de nous, Antoine le guide dans la manœuvre qui consiste à faire un créneau entre 2 catamarans. Heureusement que nos catamarans sont équipés de 2 moteurs qui permettent d’être très maniables. Une fois que tout est rangé, nous les emmenons dîner dans le restaurant de tajine de jeudi dernier. Nous avions nous-mêmes trouvé si agréable d’être guidé par les copains vers un bon endroit sans avoir à chercher nous même que nous faisons pareil avec Ilo. Nous sommes bien contents de les retrouver et ils nous racontent leur traversée express du détroit de Gibraltar en 5h soit 30% de moins que nous ! Et entièrement à la voile et avec le courant, ils ont maîtrisé le vent et les courants beaucoup mieux que nous !



Les enfants se retrouvent pour jouer
Dimanche 3 novembre, c’est grasse matinée au bateau. Une fenêtre météo se profile peut-être pour mardi alors Magali fait une commande au Carrefour en ligne. Tout sera livré lundi midi sur le bateau. Les enfants passent de bateau en bateau pour jouer tous ensemble, Antoine et Magali profitent de cette occupation joyeuse et surveillée pour aller visiter la kasbah en amoureux. Nous décidons de traverser à l’aventure les ruelles de la médina pour grimper en haut de la colline, seulement guidés par le relief. En effet, les anciens bâtiments du pouvoir royal y sont regroupés dans des fortifications avec une belle vue sur la mer. Nous rentrons à la nuit tombée au bateau et pouvons dîner de bonne heure pour que les 3A regardent un film Marvel et les 3M s’affrontent sur les épreuves de sport de la switch. Nous nous essayons au golf et avons une pensée pour Catherine qui parfait son swing en Turquie au même moment 😉






Lundi 4 novembre, la livraison des courses arrive. Antoine doit emprunter une trotinette électrique de nos voisins pour aller jusqu’au bureau de la marina pour trouver une solution pour faire livrer les courses jusqu’au bateau. Finalement, la camionnette ne sera autorisée qu’à accéder jusqu’au poste de garde à l’entrée de la jetée et il faudra faire appel à une voiturette du port, conduite par Walid, où les livreurs transférerons chaque sac, avec contrôle systématique du contenu par le garde. Walid nous amènera ensuite les courses au bout du ponton. Après une petite chaîne humaine avec le chariot pour tout amener à bord, il faut maintenant trouver des rangements pour les 5 packs de lait, 96 œufs, 8 kg de farine, 4 kg de sucre, des pâtes, du riz et de la semoule et des conserves pour tenir un siège. On profite des courses de produits français livrés à domicile pour faire un plein qui pourrait bien tenir jusqu’à l’arrivée de la transat car on ne sait jamais où et comment seront les supermarchés sur notre route.


L’après-midi Audrey et Magali avec Alice, Mathilde, Titouan et Charline vont à leur tour faire une promenade à dos de dromadaire sur la plage. Nous retrouvons notre chamelier pour 2 tours de caravane. Tous les enfants se débrouillent comme de vrais bédouins.




Des hauteurs de la Kasbah aux profondeurs de la grotte d’Hercule
La fenêtre météo du mardi 5 novembre semble un peu faiblarde et nous hésitons à nous lancer sur la houle de l’Atlantique avec la perspective d’être secoués dans la pétole et de finir au près. Nous décidons donc d’attendre la fenêtre suivant prévue vendredi ou samedi. Nous prolongeons donc notre exploration de Tanger. Ce mardi, nous faisons le tour des remparts extérieurs et grimpons directement en haut de la kasbah avec les enfants. Nous tournons dans les rues blanches vertes et bleues à la recherche de l’équipage d’Ilo parti un peu avant nous. Après bien des détours, nous nous retrouvons près des tombes phéniciennes que nous ne les verrons pas car le soir tombe déjà. Il est alors l’heure de dîner et nous avisons un restaurant italien-marocain mais qui possède une magnifique terrasse, chacun trouve un plat qui lui plaît (c’est l’avantage des pâtes) tout en admirant la vue sur Tanger by night.










Mercredi 6 novembre, nous poursuivons notre exploration des environs de Tanger grâce au bus City Tour. Nous longeons la mer, traversons les quartiers chics avec des villas luxueuses, passons devant les parcs botaniques puis les forêts méditerranéennes, continuons vers l’ouest jusqu’au cap Spartel qui marque la mythique frontière entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée et enfin nous nous arrêtons à la grotte d’Hercule. Les sites internets mettant ce lieu dans le top des choses à voir, nous nous attendons à une belle grotte. Nous payons l’entrée à 8€ par personne et pénétrons dans l’antre du héros de la mythologie… La déception est très grande, en fait la partie visitable de la grotte est minuscule avec une seule salle qui a été exploitée comme carrière de pierre depuis les romains. Donc toutes les parois ont été raclées et il n’y a plus une seule stalagmites ou tites visibles. Nous prenons la photo « Instagrammable » de l’ouverture vers la mer en forme de carte de l’Afrique et nous ressortons dépités de cet attrape-touristes, les enfants la renomme la « grotteflop ». Nous avons le temps avant de reprendre le bus de marcher sur les rochers le long de la mer et prendre un goûter à base de glace et thé à la menthe. Le bus du retour nous reconduit à Tanger et nous revoyons les paysages dans l’autre sens. On se rend mieux compte de l’étendue de la ville très vallonée.











Préparations du départ
La fenêtre météo se précise : l’anticyclone s’installe samedi et fait couler du vent du nord vers le sud, on va attraper ce créneau pour descendre vers les Canaries avec Apsara, Malea et Keep Cool. Ilo va aller à Madère pour réparer son pilote automatique. Il reste à faire les machines de draps et approvisionner les fruits et les légumes. Nous allons avec Antoine au souk où nous retrouvons les étalages des primeurs bien garnis. Nous remplirons deux gros sacs : 30 kg à porter jusqu’au bateau et ranger dans les filets extérieurs ou le réfrigérateur. Nous sommes bien plein de nourriture.
Le soir nous allons fêter l’anniversaire de Fred, le skipper de ILO, au restaurant terrasse grillades et couscous avec vue sur la médina. Nous finissons par une coupe de champagne et gâteau au chocolat sur Ilo. Pendant la soirée, Antoine découvre qu’il a un poil incarné au niveau de l’aine qui s’est infecté et a fait un kiste énorme en quelques heures, sur les conseils d’Audrey, super infirmière sur ILO, nous tartinons de crème antibiotique pour la nuit.


Après une nuit agitée, le lendemain vendredi 8 novembre, le kiste a arrêté de progresser au réveil. Nous partons finir la visite de la ville en bus car nos tickets étaient valables 48h. Nous déjeunons au bateau et Audrey demande conseil à une copine chirurgienne. Elle recommande de consulter car il sera peut-être nécessaire d’opérer pour évacuer le contenu du kiste. Antoine appelle notre assurance médicale d’urgence pour prendre conseil sur les cliniques marocaines. Il ne peut avoir une téléconsultation avec le CCMM (centre de secours en mer) car nous sommes dans un port. L’assurance nous conseille 2 cliniques dont une qui a de très bons avis Google (et l’autre pas du tout). Antoine appelle celle qui semble la meilleure et l’assistante propose de passer à la clinique dans l’espoir de rencontrer le chirurgien qui opère ce jour-là (un vendredi, soit l’équivalent du dimanche en Europe !). Il part immédiatement en taxi et, grâce au coup de téléphone, l’assistante a fait attendre le chirurgien. Antoine est reçu sur le champ. Le chirurgien regarde et opère dans la foulée dans la salle de consultation : le kiste est enlevé, 4 points de sutures posés et une cure d’antibiotiques prescrite. Antoine rentre se reposer et nous décidons de décaler le départ à dimanche si ça va bien. Les autres bateaux devront nous repérer une bonne place au mouillage !
Le soir nous laissons Antoine et Martin au bateau et allons tous nous retrouver au restaurant pour l’anniversaire de Babette et nos au-revoirs potentiels.



Samedi 9 novembre, dès le matin, tous les bateaux-copains sont sur le ponton administratif pour faire les formalités de départ. Antoine part à la clinique pour un contrôle du pansement, la cicatrice est nickel et Audrey explique qu’il n’y aura pas de risque tant qu’il est sous antibiotiques. Antoine se sent rassuré et prêt à partir avec les autres. Il sera en terre espagnole si besoin d’un médecin à l’arrivée et en cas d’urgence Keep Cool a une équipière médecin. Branle-bas le combat sur le bateau : on réveille les ados de leur grasse matinée et on se débranche du quai pour aller vers le ponton d’accueil. Le temps de faire les formalités et payer le port, nous nettoyons l’extérieur du bateau au jet d’eau et balais, le chantier de construction d’immeubles de luxe à proximité du ponton nous avait projeté pas mal de poussière. À 13h nous larguons les amarres pour quelques jours de traversée au portant.
Adieu le Maroc après 13 jours à explorer la ville et profiter des copains de pontons. Nous avons aimé cette ambiance animée, la gastronomie marocaine et l’accueil des gens mais nous sommes bien contents de reprendre la route pour découvrir de nouveaux horizons un peu plus chauds.


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