Le petit mot technique du capitaine pour commencer
Vous vous souvenez de mes élucubrations techniques d’hier sur le fait d’avoir besoin de plusieurs heures de moteur pour recharger les batteries parce qu’il n’y a pas assez de soleil et que nous n’avons pas d’hydrogénérateur… et bien aujourd’hui j’ai trouvé la vraie raison pour laquelle je trouvais que les panneaux ne chargeaient pas beaucoup la journée !
Ils étaient tout simplement… éteints ! Il y a un bouton sur notre tableau de bord pour couper la charge des panneaux solaires ! Il ne sert que lorsqu’on veut intervenir sur le réseau de charge et qu’on veut être sûr de ne pas prendre de courant, autant dire trois fois dans la vie du bateau… et pourtant il est situé sur la page d’accueil de notre beau tableau électronique et précisément à l’endroit où on « swipe » pour changer de page et, par exemple, allumer les feux de navigation…
Je suis bien content d’avoir corrigé le tir « dès » le troisième jour et après « seulement » 10h de moteur qui aurait pu être remplacée par de la charge « propre ». Nous n’avons « gaspillé » par inattention « que » 15L de gasoil… Tout l’équipage est maintenant au courant de la « bonne position » de ce bouton et cela ne nous arrivera sans doute plus.
Fin de journée tranquille, début de nuit tranquille
Hormis les 3h30 de moteur sur bâbord et 2h15 sur tribord, dont le doux ronronnement a rythmé l’après-midi jusqu’au coucher du soleil vers 18h30. La deuxième journée d’acclimatation s’est finie tranquillement entre siestes et lecture. Le vent et la mer se sont beaucoup apaisés. Nous avons 12nds d’ENE et à peine plus de 1M de houle avec des petites vagues dessus.
Antoine profite de l’accalmie pour vérifier tous les points qui peuvent frotter, s’user, se desserrer sur le pont. Rien d’important à signaler même si quelques petites choses frottent les unes sur les autres et s’useront prématurément à long terme. Rien d’urgent mais des points qui se rajoutent dans la liste toujours renouvelée des « points maintenance ».
Nous dînons à nouveau d’un plat préparé par Magali avant le départ : cake + salade + fruit et nous enchaînons par la finalisation du tracé de notre voyage sur notre carte de Méditerranée, puis deux parties de Linko tous ensemble autour de la table du carré.
Magali va se coucher avant 21h et Martin et Mathilde écoutent des histoires de l’Avent proposées par France Culture, que Magali a téléchargées avant de partir. Ce soir, c’est le conte de Grim « Raiponce ». Ensuite les enfants lisent pendant qu’Antoine prépare la nuit. Mathilde démarre Harry Potter 1 et Martin relit Harry Potter 7.
Nuit du petit trot au grand galop
Le routage de la nuit indique que nous pourrions rencontrer des vents montant de 12 à 18 voire 20nds. Si cela se confirme, il n’y aura pas de changement de voile à prévoir, seulement ajuster l’angle pour prendre le vent plus de l’arrière quand le vent va monter. Antoine prévoit aussi un empannage pour s’écarter de la côte, entre le quart de Magali et celui d’Antoine, vers 4h.
Dans les premières heures du mercredi 11 décembre, le vent accélère une première fois vers 14nds pendant le quart d’Arthur, ce qui nous fait passer de 6 à 7nds, puis à 15nds dans le quart de Magali et nous passons à 8nds. Nous filons droit vers un Tanker à l’arrêt en pleine mer au large de la Mauritanie « en attente de commande » (ou d’ordres ?)… apparemment depuis une semaine d’après les infos de son AIS. C’est justement le moment d’empanner, nous le laissons donc loin à bâbord.
Antoine essaye alors de soigner sa difficulté à faire confiance au bateau dans le vent fort en laissant le bateau lofer davantage pour accélérer. Nous passons donc autour de 9 à 10nds avec seulement 16nds de vent, toujours autour de 140TWA sur un cap WSW. Il essaie aussi un réglage du pilote en mode vent « apparent », plus proche d’un mode de barre « humain » qui cherche à garder les voiles pleines et donc à « descendre » lorsque le bateau accélère.
Pendant ces réglages, brusquement, le vent passe à 22 puis 25nds en 3 minutes. Nous sommes aux premières lueurs de l’aube et c’est sans doute un nuage qui nous envoie ce vent supplémentaire. Ce ne devrait pas durer mais même en abattant ça tire fort sur le matériel. Antoine réveille Magali pour enrouler le gennaker. Nous « ratons » l’enroulage, le haut n’est pas bien enroulé (mais cette fois la drisse n’a pas glissé), sans doute que nous avions pas assez déventé la voile. Il y a maintenant une poche déployée en haut qui bat et nous sommes toujours par 25nds de vent avec la grand-voile haute. Nous abattons davantage et affalons le gennaker derrière la grand-voile. Il se déroule encore plus dans le processus mais il est bientôt rangé dans la soute à voile. Le solent est vite déroulé et le vent s’est calmé à seulement 20-22nds. Nous savons maintenant que c’est tout à fait maniable sous GV haute + solent et restons ainsi, surfant à 9-10nds (nous avons fait jusqu’à 15,6 pendant la première rafale).
La mer s’agite et se creuse et c’est la cavalcade dans l’Alizé puissant !
C’est vers 9h, en regardant le niveau de batterie, qu’Antoine se rend compte que le chargeur solaire est éteint. Aussitôt allumé, la charge démarre et vient compenser la consommation ! Ouf ! On vient de gagner beaucoup de gasoil !
Vers 10h30, le vent tourne à droite et il est temps d’empanner en route directe vers le Cap Vert car nous ne voulons toujours pas faire 5 jours de près dans une dépression pour gagner 1 journée de voyage (ce que propose les routages les plus « rapides »).
Magali joue au Cluedo et à la Bonne Paye avec Martin et Mathilde. Ensuite Arthur et Alice se lèvent vers midi, un peu moins en forme qu’hier car la mer est davantage hachée mais ils sont quand même levés et prennent un bon petit déjeuner.
Ensuite les enfants lisent pendant que Magali fait du pain et Antoine commence le blog.
Maintenance du bateau et de l’équipage
Vers 13h40, le vent a baissé à moins de 15nds et il y a moins de 10nds de vent apparent. Nous allons travailler à 4, Antoine, Magali et les deux grands pour démêler et renvoyer le gennaker qui est en vrac dans la soute. Et grâce à l’énergie de chacun, c’est chose faite à 14h. Nous l’avons déplié et démêlé sur le trampoline puis envoyé à 160TWA derrière le Solent et la GV. La cavalcade reprend car c’est aussi le moment que le vent choisi pour forcir un peu à nouveau. Il oscillera autour de 15nds tout l’après-midi.
Nous déjeunons de saucisses et purée mousseline, accompagnée d’une salade de fruits frais. Puis c’est l’heure des siestes et bientôt de démarrer les moteurs pour recharger ce qui reste à recharger. Nous profitons de l’énergie récupérée dans la journée pour dessaler de l’eau pendant une heure. Nous sommes un peu inquiet pour les membranes mais il faut bien faire de l’eau car le réservoir est tombée à 35% (environ 150L) et nous consommons environ 80L par jour. Nous les refabriquerons maintenant tous les jours.
A 17h, nous avons parcouru près de 500MN depuis le départ, il en reste un peu moins de 2700 par la route aux multiples détours (soit la distance directe au départ…). Ce troisième jour nous avons parcouru 171MN ce qui est bien mais pas top encore. On aimerait bien 200MN quitte à se faire secouer un peu. Les estomacs sont pour certains un peu moins bien qu’hier mais dans l’ensemble le moral est bon.


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