La journée du vendredi 13 décembre se termine par le plein d’énergie pour le bateau et des siestes pour faire le plein d’énergie pour l’équipage. D’autant qu’un petit virus traîne depuis le départ parmi les enfants. Alice avant de partir, qui l’a passé à Mathilde (même cabine) qui l’a passé à Martin (jouent tout le temps ensemble) qui l’a passé à Arthur (même cabine). Magali et Arthur faisait la sieste dans la même cabine cet après-midi. On croise les doigts pour elle ! Au niveau, électricité, depuis 3 jours, nous avons l’appui des panneaux solaires qui produisent à peu près 40%, seulement, de notre besoin. Cette partie Gibraltar – Cap Vert cap au sud est la moins bien orientée du voyage normalement et nous avons beaucoup de nuages mais c’est quand même très décevant. 2kwh ou à peine plus produit par 1200w de panneaux installés, l’équivalent de 2h de production par jour alors que nous sommes sous les tropiques !
Magali nous cuisine pour le dîner une recette de Audrey sur ILO : hot-dog brioché maison. C’est super bon et assez facile à faire quand on a le talent de Magali. Ensuite Antoine se débat avec Weather4D qui a décidé de faire des siennes depuis le départ, après 6 mois de bons et loyaux services, il plante toute les 2min, ce qui est très frustrant d’autant que les téléchargements de météo prennent parfois 20 min ! Il faut recommencer 10 fois. Il y sera encore à 23h alors qu’il a commencé à 19h et que c’est bouclé en 1h normalement…
Ce soir, grande première de la transat, Alice revient dans le quart des ados, à la grande joie d’Arthur qui peut partager son quart ! Elle se sent mieux même si elle a des coups de moins bien dans la journée. La mer et le vent qui s’apaise jusqu’à la fin du week-end ont aidé forcément. Pour mémoire si nous étions passés par la route nord, probablement plus rapide, ce serait en ce moment 3M de vagues et un vent au dessus de 25nds plutôt travers voire au près dans la dépression naissante ! Nous ne regrettons pas notre long détour par le sud !
Passage propre de Sal sur un bord
Pour la nuit, nous gardons le code zéro car le vent va être faiblissant toute la nuit. Le principe sera de lofer si le vent faiblit et d’abattre quand on peut pour passer à l’Ouest de l’île de Sal, l’une des plus à l’Est de l’archipel des îles du Cap Vert (ledit Cap Vert étant le cap le plus à l’Ouest de l’Afrique et se situant sur la côte du continent, à côté de Dakar). Le vent venant de l’Est nous essaierons de ne pas passer trop près de l’île pour ne pas être déventés mais nous réalisons pendant la nuit que cette une île plutôt basse (406m d’altitude maxi) donc pas du tout le même profil que les îles des Canaries qui peuvent deventer jusqu’à plusieurs dizaines de milles sous le vent de leurs volcans haut de plusieurs milliers de mètres.
Comme nous nous rapprochons d’une côte, il s’agira aussi de veiller la présence d’éventuels bateaux de pêche non signalés mais nous n’en verrons aucun. Les deux grands seront les premiers à voir les lumières de l’île pendant la fin de leur quart, puis Magali au début du sien. Le vent adonne et nous permet de la déborder largement à l’Ouest très proprement. Nous n’aurons pas besoin de manœuvrer du tout. Enfin un peu de repos pour l’équipage pendant la nuit.
Enfin vers l’Ouest, changement de fuseau horaire
Petite surprise pendant la nuit, certains téléphones ont capté la terre, heureusement nous avions désactivé la 4G car les tarifs en itinérance sont prohibitifs (10€ le Mo, pas Go !). Et du coup, ils se sont mis à l’heure du Cap Vert qui est dans le fuseau horaire UTC-1h. La France étant en heure UTC+1h quand c’est l’heure d’hiver, nous avons maintenant 2h de décalage. C’est le moment de décider comment nous allons gérer ces décalages horaires dans le bateau. Les horaires de navigation sur le livre de bord seront toujours en UTC mais nous décalons le reste des horloges hormis les instruments de bord à -1h ce soir. Il nous restera 3h à décaler d’ici l’arrivée. Nous décidons de les décaler tous les 15º de longitude, ce qui correspond à 1 fuseau horaire théorique et de décaler la dernière le jour de l’arrivée, à 62°W. Nous passerons donc à UTC-2h le jour où nous passons à 32°W et UTC-3h le jour où nous franchirons 47°W.
Le soleil se couchant à environ 18h heure locale, nous décalons aussi les quarts et l’organisation du bord. Nous essaierons de déjeuner à midi et dîner à 19h locale. Les quarts sont aussi décalés de 1h : Arthur et Alice 21h-minuit, Magali 0h-3h, Antoine 3h-8h (avec les PDJ des plus jeunes) puis un peu plus libre la journée avec Antoine qui fait la météo entre 18h et 21h autour du dîner.
Journée de repos après la première semaine
Ce samedi 14 décembre s’apparente vraiment à une journée de repos sur le Tour de France ! Le vent tombe de plus en plus dans la matinée, nous restons à la voile jusqu’à midi avant de mettre un moteur en route, celui de tribord pour en faire une véritable usine de co-génération. Certes on y brûle pas de la paille mais avec le gasoil qu’on y brûle nous allons : faire progresser le bateau à environ 3nds, produire 800W d’électricité, que nous utiliserons à la fois pour charger les batteries et fabriquer de l’eau en avance sur les jours suivants, et utiliser la chaleur du moteur pour chauffer de l’eau en continu pendant que 4 membres sur 6 de l’équipage prennent leur douche. Nous éteindrons le moteur au coucher du soleil, batterie et eau à 80%, alors que le vent revient et que nous repartons à la voile.
Pendant ce temps, alors qu’il fait plutôt chaud, l’équipage se repose tranquillement, redémarre l’école presque pour tout le monde sauf Alice. Martin cuisine un gâteau au chocolat pour le déjeuner, Magali du pain. La mer s’est beaucoup calmée, il ne reste qu’une grande houle de NE de moins de 1M qui nous pousse doucement. A un moment nous voyons même un banc de daurade nager à côté du bateau dans l’eau lisse et transparente. Elles ne seront pas assez affamées pour mordre à l’hameçon qu’on leur déploie alors !
L’après midi se termine sur un bilan comptable assez faible au niveau de la distance parcourue avec à peine 100MN à 17h (deux fois moins que notre meilleure journée) soit 954 depuis le départ, bientôt 1000MN. Cette traversée est officiellement la plus longue de notre histoire, devançant le fameux Sardaigne – Kalamata de cet été. Par contre les batteries sont bien rechargées et les réservoirs bien pleins. Nous n’avons à déplorer que la perte d’un sachet de cerneaux de noix, qui contenait des visiteuses (chenilles ou asticots) indésirables et ayant entraîné un grand ménage du placard à épicerie ! Nous avons encore d’abondantes réserves pour les 13 ou 14 jours de traversée restants !


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