En cette fin de journée de lundi 16 décembre, le vent remonte et tourne à droite, les vagues se creusent. Nous sommes sous solent et grand-voile pleine pour être tranquilles pour la nuit. Antoine installe un double barber : quand nous changions de voile (solent – code zéro) si le vent faiblissait ou augmentait, nous devions aller à l’avant et changer les barbers d’une paires d’écoute à l’autre. Maintenant qu’on ne fait plus qu’un seul bord pendant 3 ou 4 jours, Antoine installe un barber sur l’écoute de solent et le deuxième barber sur l’écoute de code zéro du même côté, les deux sont renvoyés à l’arrière pour être réglable du cockpit. Ça va être plus sûr et confortable pour les prochains changements.
De toilettes qui fuient en pilote qui lâche
Après le dîner de spaghettis, nous nous installons pour les quarts. Alice et Arthur regardent un film en surveillant le vent. Martin et Mathilde s’installent également dehors pour un film avant de dormir. Quand Martin se brosse les dents, il crie car de l’eau sort des toilettes manuelles tribord par un endroit non prévu. Antoine se lève d’un bond et ferme l’arrivée d’eau de la pompe de chasse d’eau. On n’utilisera plus que les toilettes bâbord jusqu’à nouvel ordre et future réparation.
Magali se réveille à minuit en ce mardi 17 décembre, le ciel est rempli de nuages, on ne peut pas admirer les étoiles. Le vent monte progressivement de 15 noeuds à 18 noeuds à 3h, les vagues se creusent et le bateau bouge de plus en plus. Au moment où Magali passe le relais à Antoine et va se coucher, une grosse vague fait valser les pots de boutures d’Alice, toute l’eau se renverse dans le grille-pain qui était dessous ! On met une demi-heure à tout rattraper et éponger… nous découvrirons le lendemain matin que le grille-pain a fait un court-circuit et fait sauter le disjoncteur 220V du bord. À l’heure qu’il est nos tentatives de le sécher et le ramener à un bon fonctionnement ont toutes échouées.
Deux heures plus tard le vent claque à 28 noeuds alors Antoine réveille Magali pour prendre un ris dans la grand voile. Une heure plus tard, il est 5h30 et le pilote perd une première fois la direction. Avec le vent fort le bateau est bien secoué une première fois. Antoine essaye de prendre la barre pour comprendre le problème et la trouve très dure. Le bateau est presque impossible à barrer à la main alors le pilote ne peut pas faire son travail. Il essaye une allure un peu plus abattue censée être plus facile à barrer par le pilote puis part vérifier dans les cales moteur le bon fonctionnement du pilote, qui fait un bruit épouvantable, et le bon état du système de barre. À ce moment là, il est très content d’avoir vérifié celui-ci avant le départ de Las Palmas car certaines caractéristiques auraient pu laisser penser que les safrans étaient en train de se décrocher. Mais heureusement il n’en n’est rien. Puis il reprend la barre pour faire d’autres essais et Alice vient le voir pour lui dire qu’elle a été réveillée par un gros bruit sous la coque et le pilote automatique qui grince horriblement.
Antoine reprend la barre et commence déjà à imaginer une panne de notre pilote (pour lequel nous n’avons pas de backup à part faire barrer constamment un membre d’équipage). Il réveille à nouveau Magali pour vérifier s’il n’y a pas un problème sur les safrans sous l’eau : avec un projecteur on voit bien l’ombre de chaque safran dans l’eau, rien à signaler. En déconnectant le pilote physiquement de la barre le problème persiste, c’est donc une autre souci que le pilote lui-même. Nous empannons pour voir si le problème est symétrique ou si quelque chose tire à droite, mais c’est pareil sur l’autre bord. Antoine va même vérifier si la coque est intacte à l’avant. Juste après l’empannage, même avec la barre dans les mains, le bateau finit face au vent. Il y a vraiment un problème. Nous décidons de prendre un deuxième ris pour équilibrer les surfaces de voiles avant et arrière. A la fin de la manœuvre impossible de relancer le bateau. Antoine ne veut pas démarrer les moteurs au cas où il y ait quelque chose bloqué dans l’hélice. Il réalise alors que toute la pression latérale de l’eau est sur les safrans car nous avions remonté les dérives complètement, ce que nous faisons toujours au portant. Magali descend un peu les deux dérives et la pression sur la barre redevient normale !!!! Ouf ! Antoine reconnecte le pilote qui ne grince presque plus… à surveiller quand même.
Magali va pouvoir finir sa nuit jusqu’à 9h.
Journée chamboulée
La mer est agitée avec une houle de 1m50 et des vagues croisées de 1m50. Le bateau est un peu sous-toilé et manque de vitesse pour surfer sur les vagues, on va relâcher le deuxième ris avant qu’Antoine aille se reposer. Ça bouge trop pour faire de l’école aujourd’hui, Martin et Mathilde jouent au playmobil et au lego. Magali finit la decoration du sapin avec des guirlandes en feutrine.
La panne du soir
A 15h il est temps de refaire le plein d’eau et d’énergie. Antoine démarre le moteur tribord car Magali fait la sieste à bâbord puis va d’abord s’occuper du dessalinisateur, en particulier enlever le bout de tuyau du pré-filtre du dessalinisateur qui était censé éviter des entrées d’air dans les membranes mais qui ne nous a pas convaincu. L’eau se fait à bâbord et l’électricité à tribord avec le moteur. Tout fonctionne bien mais, quand Antoine démarre le moteur bâbord pour augmenter la production d’électricité, le booster d’alternateur qui permet de transmettre l’énergie du moteur aux batteries de service ne s’allume pas . Antoine sort le voltmètre et les plans de branchement mais nous ne voyons pas du tout où est le problème. Il semble que l’alternateur délivre du courant mais le booster reste désespérément éteint. Avec le décalage horaire le SAV est fermé et nous ne pourrons avoir de réponse ce soir. Nous faisons l’appel à des amis mais ça leur prendra la soirée pour répondre. Nous nous voyons déjà avec un seul moteur pour recharger jusqu’à la fin de la transat et nous imaginons tous ensemble les moyens d’économiser de l’énergie à bord. Avec notre usage qui est essentiellement instruments / pilote automatique / frigos / écrans récréatifs, le choix est vite fait ! Pour ce soir, nous allons finir de charger avec seulement le moteur tribord (heureusement que sur un catamaran il y a 2 moteurs).
Quelle galère en ce 17 décembre on se croirait un vendredi 13, ça nous a bien fatigué le corps et l’esprit. Malgré tout on a fait notre record de distance en 24h : 197 miles !!! grâce au vent qui est monté et la mer qui ne l’a pas encore rejointe en terme d’agitation. Il nous reste des sujets à investiguer et nous nous couchons sans pouvoir vous tenir au courant de nos péripéties.


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