Transat J10 – Des vagues et des algues

En cette fin de journée du 17 décembre, marquée par la panne de chargeur et les autres, les vagues nous secouent bien. Nous sommes à allure un peu réduite suite aux aventures de la nuit d’avant, GV 1 ris + solent avec environ 20nds de vent. Une plus grosse que les autres claque sur la coque à l’arrière et une partie passe par dessus l’arrière du cockpit et arrose tout le sol du cockpit jusqu’à l’intérieur du carré. Antoine éponge le sol et rince le tapis que nous avions déplacé de l’intérieur à l’extérieur pour nous protéger d’éventuelles vagues qui remontraient par l’évacuation du cockpit (un cockpit est toujours muni d’une très grosse évacuation pour éviter qu’il ne se remplisse et remplisse le bateau) puis le met à sécher sur la filière à l’arrière. Le moteur tribord tourne toujours pour recharger les batteries, jusqu’à plus tard que d’habitude car le deuxième ne charge pas. Pendant qu’Antoine cherche à diagnostiquer la panne de chargeur et lance des e-mails de demande d’aide auprès des copains et du SAV, Magali se lance dans la confection de Naans nature et au fromage. Ça agrémente très agréablement la soupe de tomate du dîner. Merci Audrey de ILO pour la recette qui est très appréciée.

Quarts contrastés

Nous coupons le moteur à 20h30 et nous nous préparons pour la nuit. Ce soir pas de film pour cause d’économie d’énergie. Mais les consignes sont simples : on reste sur le même bord à 120AWA. Le vent est stable entre 14 et 18 noeuds. Mais les vagues sont toujours aussi intenses. À 23h30 une vague passe par le caillebotis d’évacuation du cockpit (qui n’est plus recouvert du tapis… qui sèche à l’arrière) et arrose le plancher du salon, Arthur et Alice se jettent sur les 4 serpillières pour éponger la marée. 😓 C’est l’inconvénient d’être sous-toilé pour essayer de se reposer, les vagues nous rattrapent avec plus de vitesse relative et parfois pénètre dans le bateau. Dorénavant nous fermons la porte du carré pour les quarts de nuit.

Magali a un quart assez calme, elle se cale dans le fauteuil pour finir son roman policier. Antoine prend le relais à 3h et s’occupe de nos pannes. Il communique par mail avec la terre pour notre problème électrique et envisage une solution pour shunter le booster d’alternateur et mettre la batterie en direct sur l’alternateur. C’est un peu violent pour l’alternateur qui risque de chauffer car les batteries lithium peuvent encaisser beaucoup plus de puissance que la batterie de démarrage mais en faisant des petites sessions de charge ça pourrait le faire. Antoine répare les toilettes tribord en les rinçant simplement à l’eau douce, sans même démonter (ouf !). Ce toilette est moins utilisé que l’autre qui est électrique, les joints doivent être un peu secs, est-ce qu’en mettant un peu d’huile ça pourrait lubrifier mieux ? À voir, mais pour l’instant ça fonctionne.

Mathilde se réveille à l’aube à 6h40, elle s’allonge sur la banquette à côté de Magali en attendant le petit déjeuner. Le vent baisse et au réveil de Magali à 8h nous envoyons le code zéro, le système de barber  d’Antoine fonctionne très bien. 2h plus tard nous renvoyons également le ris de la grand voile. Toute la toile est dehors pour surfer sur les vagues.

Coucou les sargasses !

Nous approchons vraisemblablement du banc de sargasses (algues flottantes jaunes marron) car nous en voyons qui flottent de manière isolée tout autour du bateau. Mathilde et Magali équipées de leur gilet vont observer le phénomène. Parfois nous voyons des grandes lignes jaunes d’algues. Nous voudrions les observer de plus près alors nous descendons la ligne de pêche pour tenter d’en attraper. Au bout d’un moment un petit poisson mord à l’hameçon mais pas de sargasse, nous relâchons le poisson et nous regrettons de ne pas avoir une épuisette pour étudier les algues de plus près.

C’est le jour de la lessive des caleçons et culottes car après 10 jours sans grand soleil, donc sans maillot de bain, ça commence à manquer. Magali sort la machine manuelle sur l’arrière au dessus des jupes et enchaîne lavage et essorage. Le mouvement de manivelle de winch est très utilisé décidément en voilier. Elle essaye aussi la machine à laver marine : sur un bout on enfile les vêtements par les emmanchures et on laisse dériver dans la vague du bateau. Ça marche très bien pour le prélavage mais ensuite il faut bien rincer évidemment. Martin et Mathilde aident enfin à tout étendre sur les fils du cockpit, le vent va travailler tout seul pour le séchage.

Réparations !!

Après sa sieste du matin, un peu mieux réveillé, Antoine veut re-tester les branchements électriques dans le moteur. Il a un doute car la veille il avait une mesure aberrante qu’il a ignorée, pensant à une erreur de mesure de sa part. Il part donc équipé du voltmètre dans la soute moteur et Magali démarre le moteur en position de charge. Antoine ressort quelques minutes plus tard, victorieusement. En effet en s’occupant du dessalinisateur la veille, il a tourné un coupe-circuit par inadvertance. Pensant qu’il l’avait coupé, il l’avait réenclenché, pensait-il, sans se souvenir vraiment de l’utilité de ce coupe-circuit. Or, il s’agissait du coupe-circuit qui est censé couper le circuit du pôle moins de la batterie moteur (en cas de non-utilisation prolongée, cela permet d’isoler complètement la batterie, en plus de couper le circuit du plus). Le moteur n’aurait pas dû démarrer une fois celui-ci ouvert. La mesure aberrante de la veille c’était que la tension entre l’entrée du booster et sa masse, mesurée à l’entrée du booster était presque nulle alors qu’elle était de 14V à l’autre extrémité (très bien repérée, hum) dans la boîte électrique de la cale moteur et de même entre la sortie et la masse. Antoine a alors vérifié la tension entre les deux extrémités du câble de masse du booster et détecté une tension de 13V… il s’est donc intéressé au coupe-circuit à proximité de la barre des masses et en le reconnectant, le booster s’est allumé immédiatement. Il semble donc que le câble de masse référencé booster sur le boîtier électrice ne soit pas le bon et que le bon soit connecté sur le pôle déconnectable par le coupe circuit. Cela n’a pas facilité la recherche de panne mais en se reposant pour laisser décanter l’affaire, Antoine a finit par y voir clair. Comme quoi, le voltmètre est indispensable à bord !  Victoire !!!✌🏻ce n’était donc pas une panne aléatoire qui nous aurait pendu au nez sur l’autre booster. Nous sommes rassurés sur notre approvisionnement en énergie électrique pour la suite de la transat.

À 17h UTC et maintenant 15h heure locale nous avons parcouru 177 Mn en 24h à 7,4 knts de moyenne. C’est pas si mal pour une journée à moitié sous-toilés et fatigués par la répétition des problèmes. Le vent tournant progressivement vers l’Est, nous faisons un route un peu nord pour passer au-dessus du gros banc de sargasses qui est repéré par les images satellite. Plus d’aventures avec les sargasses dans le prochain épisode !