Transat J12 – Festin de mi-parcours

Ce jeudi 19 décembre, nous commençons la « journée » par un empannage vers l’ENE pour nous éloigner des sargasses. Puis avant que la nuit ne tombe, nous faisons un contrôle visuel à l’aide de la GoPro qui confirme que nous sommes encore chargés sur les deux moteurs. Nous faisons la manœuvre pour nous en débarrasser et en contrôlant le résultat, nous nous apercevons que la bavette du moteur tribord est décollée. Rien de très grave mais ça fait un petit « effet sargasse » permanent… Nous la ferons recoller lors de l’escale technique en Martinique.

Un skipper toujours en apprentissage

A la tombée de la nuit, nous repérons les feux d’un bateau par l’arrière. Au radar, il semble que ce soit un voilier car il avance environ à 5nds. Nous le contactons par VHF pour prendre des nouvelles. Le voilier s’appelle Newton et ils sont partis du Cap Vert 6 jours auparavant (le 13 donc, avant que nous entrions au Cap Vert) et prévoient d’aller jusqu’en Guadeloupe. Un équipage de 5 qui n’a pas d’AIS qui émet mais reçoit par contre notre position. Ils nous ont « suivis toute la journée à l’AIS » alors qu’ils étaient invisible pour nous, cachés derrière l’horizon. Ils n’ont pas non plus de moyen de recevoir la météo mais n’ont pas l’air de se faire trop de souci.
Pour la nuit, les consignes sont les mêmes que la veille. Il est prévu un temps de plus en plus calme dans la nuit mais nous avons l’habitude que le vent monte en début de nuit avant de baisser en fin de nuit. C’est bien ce qui se produit, même si cette fois, cela ne monte pas aussi haut que les premières fois. Nous sommes restés sous gennaker et GV pleine et nous filons bon train entre 8 et 10nds dans le noir.
Bizarrement, alors que pendant la journée tout allait bien, Antoine n’arrive pas à s’endormir en écoutant les bruits du vent et des surfs dans le noir. Jusqu’à près de minuit, il se relèvera ou cherchera à contrôler les paramètres du bateau sur les écrans pour se rassurer… pas terrible pour le repos ni pour le confort des ados qui font le quart… Aucun incident n’est pourtant à signaler, le bateau se comporte très bien et file dans la nuit en surfant la longue houle.
Magali allongera un peu son quart (pendant lequel elle lit encore un livre passionnant) pour permettre à Antoine de se reposer un peu plus.

Ecole et réparations du matin

Martin et Mathilde profitent des conditions plus clémentes (mer du vent pratiquement nulle, houle très longue) pour reprendre l’école tranquillement. Nous avons décidé de leur faire faire les matières qui les attirent le plus (Maths pour Martin, dont le chapitre est thématisé autour des villes), un peu de Français et de Maths pour Mathilde.
Pendant ce temps, Antoine tente une réparation du grille-pain. On se croirait à la recyclerie de Lusignan. Il démonte et teste les résistances des différents composants. Il se rend compte que la résistance est connectée à la terre de l’appareil. Avec une règle de trois (résistance total 66ohm, 54 d’un côté, 12 de l’autre du point de contact), il localise la partie la plus susceptible d’être touchée et parvient à réparer en isolant la partie en contact avec le bâti. C’est précaire car il manque du matériel ignifugé pour faire une réparation solide mais ça remarche pour l’instant.
Le CZone (tableau électrique virtuel) en profite pour faire des siennes et l’écran nous refait le coup de clignoter qu’il nous avait fait la veille du départ. Heureusement nous savons comment le réinitialiser grâce à Marc et Julien, les skippers Outremer. Antoine le fait tout de suite mais nous n’avions pas réalisé que tous les systèmes du bateau allaient se désactiver aussi. Tous y compris les instruments et le pilote alors que nous filons 8nds sous gennaker.
Eh bien, c’est un bon test de stabilité du bateau. Le temps que nous réalisions que tout est éteint, le bateau continue tranquillement sa route. Antoine a le temps de prendre la barre, le temps que les enfants rallument tous les instruments et le pilote.

Festin pour fêter la mi-parcours

Puisque nous avons fêté la mi-parcours, nous sortons aussi notre dernière pièce de viande conservée sous vide. Nous en profitons pour mentionner l’excellente viande sous vide qu’on trouve au supermarché HiperDino de Gran Canaria. Elle s’est très bien conservée (12 jours pour l’entrecôte d’aujourd’hui) et en plus elle était très goûteuse.
Oui, c’est bien une paire d’entrecôte qui se retrouve à griller dans la poêle ce midi et que nous dégustons sans en laisser une seule miette, même le gras était délicieux, assaisonné de fleur de sel de Torrevieja.
Comme source de protéines, il nous reste du jambon, des lardons et surtout du thon que nous avions pêché près de Lanzarote, dans le freezer.  Et bien sûr le reste de la centaine d’oeufs que nous avons embarqués à Gran Canaria.
Nous terminons la journée par un grand ménage dans les placards car une autre source de protéines, nettement moins appréciée, semble avoir élu domicile dans l’épicerie. Nous vidons et nettoyons tous les bacs qui contiennent les ingrédients du petit déjeuner, les gâteaux d’apéro, les douceurs pour le goûter, les pâtes, le riz et la purée, ainsi que tous les ingrédients de pâtisseries. Plus d’une heure de travail pour tous les 6 pour débusquer plus d’une douzaine de larves et quelques mites. La vie à bord a aussi ses côtés moins glamour !

Alors que nous faisons le point de 17h UTC, Martin et Mathilde cherchent une recette de gâteau pour cet après-midi. Nous sommes en milieu d’après-midi puisque 17h UTC qui correspond à 18h en France, correspond maintenant à 15h sur le bateau. Nous avons parcouru aujourd’hui 177MN à nouveau, bien aidés par la nuit où nous n’avons pas réduit malgré les frayeurs nocturnes du skipper. Les batteries ont à nouveau plutôt bien rechargé puisque nous comptons aujourd’hui une production de plus de 3KWh qui couvre donc 3/4 de nos besoins.

Pendant encore deux jours, nous allons longer le haut de la bande de Sargasses la plus dense, remontant le plus nord possible pour nous éloigner puis nous tournerons à gauche pour « descendre vers le Sud » et les îles Grenadines. Nous commençons à préparer le programme aux Antilles, élaboré autour du nécessaire arrêt technique qui se fera en Martinique…