Nous avons passé quelques jours dans l’archipel des Ragged Islands où nous avons rencontré une belle bande de bateaux copains avec des ados et des enfants. Nous remontons vers l’archipel suivant des Exumas avec Apsara. Nous retrouvons la bande des Ragged dans une semaine pendant qu’Apsara ira à Nassau (ville qui ne nous tente pas).
Passage du cut vers Georges Town
Dimanche 6 avril, nous partons pas trop tôt vers le « Hog Cut ». Un « Cut » est un passage entre deux îles, souvent au bord du banc, entre l’océan et le banc, avec du courant, parfois des vagues et un circuit à respecter pour passer. Dans le cas du Hog Cut, il permet de passer du Sud des Exumas au Nord sans faire le tour par l’Est des îles les plus à l’Est, ce qui rallonge la route de plus de 20MN. La particularité de ce « Cut » c’est sa très faible profondeur puisqu’il y a moins de 1m à marée basse. Nous visons donc la marée haute qui ajoutera quelques dizaines de cm sur cette cote qui nous empêcherait de passer sans toucher le fond. Celle-ci devrait être vers 16h donc nous n’avons pas besoin de trop nous presser pour parcourir la quarantaine de milles qui nous séparent du passage.
D’autant que les conditions sont idéales pour la vitesse avec 15 à 20nds de travers. Nous démarrons donc vers 9h en compagnie d’Apsara alors que le monocoque que nous avons dépassé la veille est parti avant 8h. Nous déroulons la ligne de pêche au cas où même si la faible profondeur ne nous incite pas à l’optimisme. Nous filons très vite sur mer plate mais il faut être attentifs aux « heads », têtes de corail dont la profondeur n’est pas précisée et qui pourraient bien se situer moins de 2m sous la surface. La couleur de l’eau se laisse lire grâce à l’absence de nuages et nous évitons la demi-douzaine de zones qui auraient pu nous piéger.
A mi-parcours, la ligne file dans son cliquetis habituel et nous devons lutter pendant plusieurs minutes pour remonter à bord notre prise du jour. Pas de chance, c’est un énorme barracuda avec ses crocs acérés et son aggressivité qui nous incitent à éviter d’approcher trop près. Pour une fois nous aurions aimé qu’il se décroche tout seul (sans emporter le leurre !) mais il est très bien accroché… Nous finissons par l’attraper avec la gaffe et sortir l’hameçon avec une pince multi-prise à longue poignées. Nous rangeons la ligne, dépités par notre prise et par les messages d’Apsara qui en a pris deux en même temps sur ses lignes à côté de nous.





Nous finissons la traversée en surveillant les tâches noires (rochers profonds) et beige (rochers peu profonds) dans le turquoise en rattrapant le monocoque parti avant nous ainsi qu’une grappe de cata qui étaient aussi devant à l’AIS. La mer devient de plus en plus claire à mesure que nous approchons du cut et que la profondeur remonte à 3m puis 2m. Nous sommes un peu en avance et sur la marée et sur Apsara donc nous ralentissons en roulons le solent pour laisser un peu de temps passer. En attendant, nous nous gavons de turquoise dans toutes ses nuances.



Nous voyons alors deux catas tenter le passage près de 2h avant la marée haute, un dans chaque sens. Nous suivons leur trace à l’AIS grâce à Weather4D qui les enregistre pendant une heure, ce qui permet de confirmer la route à faire dans le passage le plus étroit et moins profond. La route étant établie, Apsara nous ayant rejoint, nous décidons de tenter le passage. Le sondeur diminue régulièrement à mesure que nous approchons de la barre et nous voyons même apparaître 0.9m sur les instruments, qui mesurent la profondeur entre le capteur et le fond. Jusqu’ici nous nous fixions d’avoir toujours un « pied de pilote » de la profondeur du capteur (estimée entre 30 et 40cm et donc de ne jamais aller dans moins de 1,3m). Il ne doit pas rester beaucoup d’eau entre les safrans et le fond mais nos tentatives pour l’observer à la GoPro échouent… Nous ne touchons rien et pouvons nous engager entre les rochers qui nous obligent à serpenter pour sortir au Nord du cut.







De l’autre côté, les couleurs sont encore plus éblouissantes, tout en dégradés de bleu ! Apsara est juste derrière nous et nous nous prenons mutuellement en photo pendant que nous entamons les derniers bords vers l’entrée de George Town.





George Town, escale logistique
Nous y arrivons à 16h, c’est une des plus grande ville des Bahamas après Nassau. La ville est à l’ouest sur une grosse île mais il y a aussi un mouillage de nombreux bateaux sur l’îlot à l’est. Nous choisissons de jeter l’ancre au plus près de la ville pour faire les formalités, lessives et approvisionnement. Une douche rapide et nous débarquons sur le dinghy dock qui se trouve au calme sur un petit lac intérieur. Ce n’est pas vraiment une ville mais plutôt un village avec une seule route goudronnée et les autres rues en terre/sable. Nous marchons à la recherche d’un restaurant. Le village est désert, nous trouvons tout de même le Exuma Yacht Club qui ne sert que des plats à emporter ce dimanche soir mais que nous pouvons manger sur place. Ça fera l’affaire. Le temps que le dîner se prépare en cuisine, nous offrons à Apsara une photo de leur bateau que nous avons prise pendant nos navigations bord à bord, ils sont très touchés.


Lundi 7 avril Antoine et Dennie vont à la douane et l’immigration dans la matinée. Les deux bâtiments se trouve aux 2 bouts du village mais ils sont plutôt efficaces donc tout se passe bien. Nous sommes en règle pour hisser le pavillon des Bahamas aussi bleu que la mer.


L’après-midi Antoine et Magali vont à terre avec les gros sacs de draps et linge. Ils lancent les machines à la laverie locale qui fonctionne en « semi-self-service ». Le personnel gère les machines à la main mais il faut être là pour charger et décharger les machines sous peine de supplément. C’est instructif de voir l’employé qui ajuste le temps du sèche-linge en connectant deux fils dénudés… Pendant que les machines tournent, ils vont acheter notre connexion internet pour le bateau et une carte SIM pour un téléphone pour l’ensemble des Bahamas. Magali fait petit réapprovisionnement au supermarché. Il est plutôt bien achalandé avec uniquement des produits américains à des prix toujours aussi élevé qu’aux BVI ou Turks. Heureusement qu’on avait fait un gros plein en Martinique et Guadeloupe pour le sec car on n’aura besoin que de fruits et de viande.


De retour au bateau, nous étendons le petit linge sur toutes les filières qui font un très bon étendoir avec ventilation intégrée. Nous n’avons fait sécher à la laverie que les draps et serviettes qui sont trop grands pour les faire sécher tous ensemble à bord… À 17h30 nous déplaçons Loela vers l’île d’en face qui est mieux protégée des vagues. Nous débarquons sur la plage au Coconut Club : le bar est fermé mais les enfants profitent des structures gonflables dans l’eau jusqu’au coucher du soleil. Arthur s’entraîne au handstand sur le ponton. Les papas discutent du programme pour demain.





Staniel Cay
Mardi 8 avril, nous allons rallier Staniel Cay à 50 miles de GT. Comme le vent prévu est faible nous levons l’ancre au lever du soleil, départ à 7h vers l’Ouest puis le Nord-Ouest. Il y a effectivement peu de vent mais de derrière et nous avançons tranquillement. Nous passons par l’extérieur (est) des îles pour avoir une profondeur assez grande. Nous naviguons essentiellement sous Code Zéro et GV après un petit essai en mettant solent et Code Zéro « en ciseaux » (une voile de chaque côté). Apsara n’ayant toujours pas son gennaker, nous ne mettons pas le nôtre pour continuer à naviguer à vue.



Nous arrivons vers 17h entre les îles de Staniel Cay. Un passage de front du nord est prévu le lendemain alors nous cherchons le mouillage le mieux abrité. Un passage de front signifie que nous allons avoir un vent qui tourne dans tous les sens, avec du Sud, de l’Ouest, du Nord-Ouest en quelques heures. Nous choisissons de nous abriter à l’est de l’île de la plage aux cochons, un coin qui est presque entièrement protégé mais avec un courant assez fort comme nous le verrons cette nuit.
Nous allons rapidement en annexe à la « marina » proche : il n’y a qu’un ponton en bois pour les yacht à moteur, une mini plage derrière des rochers pour beacher les annexes et un yacht club. Devant le quai, des requins nourrices attendent les restes de poissons des pêcheurs. Nous les admirons un moment avant d’aller prendre un verre au yacht club avec Apsara.







La grotte de James Bond
En prévision de notre visite de la grotte qui a servi de décor au film James Bond Opération Tonnerre, nous faisons une soirée cinéma à bord de Loela. (La scène en question ne dure en fait que quelques minutes sans donner un grand aperçu de la grotte). Le film est carrément daté et a très mal vieilli, il est bourré de stéréotypes sexistes voire de situations de harcèlement sexuel et le consentement est totalement absent des scènes « romantiques »… Notre époque a bien progressé, nous sommes content d’entendre nos enfants commenter les scènes dans ce sens. Par contre, les costumes kitsch et procédés cinématographiques très « téléphonés » (les méchants sont en combinaison noires, les gentils en rouge vif) font bien rire tout le monde !
Mercredi 9 avril, nous sommes à 10h30 dans l’annexe équipés de nos combinaisons de plongée. Nous amarrons l’annexe avec son ancre devant une des entrées de la grotte. Avec masques palmes et tubas nous nageons contre le courant jusqu’aux rochers d’entrée. Un groupe d’américains anxieux barrent le passage en hésitant à pénétrer dans la grotte. Nous découvrons qu’il faut plonger sous un rocher pour atteindre l’intérieur de la grotte. Nous y arriverons tous à passer sans problème. Nous atteignons la grande salle où une multitude de poissons nagent sous nous et même une tortue traverse les fonds majestueusement. Nous explorons les différentes salles peuplées de poissons peu craintifs éclairés par les trous dans le plafond. C’est vraiment incroyable !!! A certains endroits, le plafond est quelques centimètres au dessus de l’eau. Malgré les avertissements parentaux, Mathilde essaie d’y nager et s’écorche la tête contre le plafond acéré en remontant… Aussitôt elle a le visage recouvert de sang, ce qui impressionne beaucoup tout le monde.
Nous ressortons par une autre entrée qui ne nécessite même pas de passer la tête sous l’eau puis nous retournons au bateau rapidement pour la soigner. Heureusement ce n’est que superficiel, quelques tous petits trous d’un mm de diamètre. Elle sera vite rétablie. Avant de remonter à bord, Antoine trouve sous le bateau un corail qui a sans doute été arraché par un autre bateau et laissé là. Il le remonte pour l’admirer avant de le remettre au fond. Nous essayons d’éviter de prélever les merveilles naturelles que nous admirons !












Au revoir Apsara !
Nous avons le temps de nous rincer et de nous habiller pour un peut-être dernier repas avec Apsara. Pour l’occasion nous avons réservé une table au restaurant du Yacht Club. L’accueil est adorable, le cadre très joli et la cuisine très bonne. C’est vraiment un endroit où on se sent bien.


Des nuages commencent à arriver en masse signe du front orageux qui arrive. Nous nous dépêchons de reprendre l’annexe pour retourner au bateau et nous protéger des gouttes. La pluie et les éclairs s’abattent bientôt sur nous. Nous restons bien à l’intérieur toutes les fenêtres fermées. Le bateau va être bien rincé! Nous en profitons pour avancer l’école. Vous pouvez voir Loela dans la tourmente sur une vidéo de Sailing Zatara qui était dans le même mouillage ce jour-là. Il a plus plus de 100mm en deux heures ! L’annexe était pleine d’eau.
Jeudi 10 avril nous faisons nos adieux à Apsara qui doit rejoindre Nassau. Nous les retrouvons peut-être à la fin du mois. De notre côté nous allons tranquillement retourner vers Georges Town pour retrouver Solaine, Lady Grey et d’autres bateaux de familles.



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