Transat retour (2) J6 – enfin vers l’arrivée

Après la digestion au calme, nous reprenons 1 petit ris dans le solent car le vent a forcit et commence à tourner au Nord. C’était prévu mais cela nous donne une plus grande vitesse et davantage face aux vagues donc Loela tape plus aussi. De toute façon, la situation à l’arrivée semble se décanter pour une fenêtre favorable le 1/8 plutôt que le 31/7 pour rentrer vraiment en Méditerranée.

Comme nous sommes tous davantage partant pour retrouver les tapas et le réseau téléphonique européen que les tajines et le réseau marocain, nous visons plutôt Ceuta que nous ne connaissons pas que Tanger que nous connaissons. Ce qui fait que nous ne sommes pas plus pressés que ça pour en finir.

On profite de la meilleure forme pour faire des jeux ensemble. Aujourd’hui, Mathilde veut apprendre à faire un rubik’s cube. Antoine commence à lui montrer les premières étapes. Ça l’occupe bien et motive Arthur qui sait faire le 2x2x2 mais pas le 3x3x3. Antoine lui montre aussi les mouvements supplémentaires et en profite pour retrouver certains mouvements d’apprentissage qui lui serviront pour Mathilde.

Puis Antoine reprend un petit ris pour la nuit et fait sa petite enduction de graisse silicone (retrouvée) sur le hublot qui fuyait dans le couloir des enfants et nous nous préparons pour le dîner et la nuit mais…

On ne s’ennuie jamais en bateau

Juste avant le dîner, Magali découvre en voulant ouvrir les vannes pour vider la cuve à eau noire tribord … qu’il y a quelques litres d’eau, salée, dans le fond de la cale… nous n’arrivons pas encore à voir comment elle s’est retrouvée là et il faut l’évacuer et rincer / sécher tout ce que nous avions stocké dans les fonds. Heureusement, sachant que ce genre d’incident peut arriver nous évitons de stocker des choses qui craignent l’eau directement sur le fond. Il faudra quand même jeter quelques parties carton d’emballages de pièces de rechanges voire les sachets plastiques détrempés, et mettre à rincer une demi-douzaine de paires de chaussures trempées. Nous allons devoir surveiller la réapparition éventuelle d’eau dans ces fonds !

Le nettoyage prend quand même 1h30 par Magali puis Antoine pendant que Magali fait le repas à base de restes (les lasagnes nous auront fait 3 repas vu notre petit appétit les jours précédents).

Pendant la nuit, la principale distraction est de repérer à l’AIS les cargos qui pourraient nous croiser d’un peu près et de leur communique nos intentions pour qu’ils se tiennent à distance. Ce qu’ils font en général avec bonne grâce car ils apprécient que nous veillions et prenions soin de les contacter.

À 2h, le skipper, qui écrit ses lignes pendant son quart, décide d’aller jeter un coup d’œil à la cale épongée 6h plus tôt… Il y a à nouveau de l’eau et il fait comme les shadoks (ou presque), il éponge… la tête en bas dans la cale, ce qui, chacun le devine, est l’activité préférée des skippers pendant les quarts de nuit au grand large…

Cette fois, marquage de toutes les sources potentielles avec du crayon ou du feutre pour essayer de savoir d’où ça vient et faire le tri entre les causes graves (les trous sous la coque qui sont fermés à l’aide de passe-coques supposément parfaitement étanches) et pas grave (mais embêtant pour le stockage dans la cale, les fuites du pont infiltrées jusqu’en bas… 40 minutes plus tard, juste après avoir rangé les serpillères, la question est vite répondue : pas grave, mais agaçant. Ça vient de la face intérieure de la coque plus haut que les planchers dans la zone à l’arrière de l’escalier. Le skipper soupçonne fortement l’eau retenue dans et sous la goulotte de la porte coulissante qui a du mal à s’évacuer à cause de la gîte permanente (et probablement d’un défaut de montage, d’étanchéité dessous ou de conception de l’évacuation car, même un cata, ça gîte !). Du coup, les 20 minutes restantes jusqu’à 3h sont consacrées à essayer de déboucher les évacuations (pas bouchées) et éponger le restant (c’est long et l’accès est difficile). On ne s’ennuie vraiment jamais en bateau mais le capitaine est rassuré, aucun passe-coque ne fuit !

À 5h Antoine réveille Magali pour prendre le relais de la surveillance des cargos. Ça ne va pas être compliqué car il n’y a aucun bateau visible sur les écrans. Magali dort donc par tranche de 25 min. Vers 8h30 le vent baisse et nous nous traînons à 3 nds, il est temps de relâcher les rênes… le solent est déroulé en grand et réglé pour reprendre de la vitesse. Il est l’heure du petit déjeuner mais comme la réserve de pain se trouve sous Alice qui dort, Magali fait des pancakes … L’odeur alléchante réveille tout le monde et chacun se régale.

Le vent se calme encore et nous relâchons les deux ris qui restaient dans la GV. Mathilde continue d’étudier le Rubik’s Cube pendant que Martin se lance dans l’élaboration d’un dessin animé en scratch. À son réveil, Arthur réussit pour la première fois à refaire son Rubik’s cube 3x3x3 sans assistance pour sa plus grande joie.

Nous nous dirigeons enfin vers l’arrivée en route presque directe, même si nous allons probablement manquer de vent pour finir à la voile, nous sommes contents d’être de l’autre côté du vent très fort. Le bon créneau pour rentrer dans le détroit étant vendredi, nous ne sommes pas pressés non plus. Nous avons parcouru en toute tranquillité 150MN aujourd’hui, 939 depuis le départ et il reste à peine plus de 300MN. Nous allons profiter de ces 3 derniers jours surtout que nous risquons de repartir rapidement de Ceuta pour nous rapprocher progressivement de l’arrivée en France malgré le vent contraire dans la mer d’Alboran. Nous caboterons le long d’une côte que nous n’avons pas encore explorée entre Gibraltar et Cartagena.