Saison 6 Ep 2 : Virée aux Baléares

Nous avons fini de remonter la mer d’Alboran en passant par Carthagena. Ce fût un arrêt express juste pour remplir le réservoir d’essence, d’autant plus que nous connaissons déjà la ville. Maintenant cap vers les Baléares avec l’espoir de ne pas faire trop de moteur.

Traversée de Carthagena à Formentera

Départ de Carthagena à 16h le vendredi 8 août 2025, nous sortons du port et hissons à nouveau la GV. le solent est déroulé pour descendre tranquillement vers le cap au sud de l’abri du port. Dès que nous sortons de l’abri, le vent monte et atteint rapidement plus de 18TWS, ce qui nous oblige à reprendre un ris dans la GV. Le clapot est assez conséquent car nous avons le courant plus ou moins avec nous contre le vent contre lequel nous tirons des bords. Plus ou moins toutes les demi-heures nous virons vers le large puis vers la côte, jusqu’à passer la pointe à 20h. Ainsi nous serons restés dans l’accélération du cap qui nous offre un vent légèrement plus favorable pour passer la pointe. Nous passons entre les îles qui débordent le cap et la côte cette fois. Puis à 21h, nous partons vers l’Est.

Le vent est suffisamment faible pour renvoyer la GV complète et les garçons se couchent même dans la cabine avant. Nous allons tirer des bords toutes la nuit et Antoine essaie de planifier tous les scénarios possible pour pouvoir dormir ensuite. Evidemment, le seul scénario non prévu se réalise, le vent se renforce et la mer se creuse en milieu de nuit. Les garçons se rapatrient dans la cabine arrière vers 3h du matin car la cabine avant bouge beaucoup trop. Nous virons plus ou moins toutes les deux heures et sous solent, nous pouvons le faire en autonomie, sans avoir besoin de régler les voiles. A 4h30, nous reprenons même un ris au cas où le vent augmente encore, nous avons plus de 15nds en moyenne alors qu’il était prévu moins de 10nds… C’est la Méditerranée imprévisible !

Nous relâchons le ris à midi et mettons le code zéro à 14h, le vent baisse rapidement mais nous essayons de rester sur le bon bord, le plus rapprochant, vers le Nord pendant l’après-midi. Les routages sont éparpillés du Nord au Sud et il est difficile de prévoir d’où reviendra le vent cette nuit. Nous choisissons de revenir vers l’Est pour le début de nuit au cas où le vent tombe tout à fait, nous serons plus près pour finir au moteur. Et d’ailleurs, c’est le cas à minuit, en face de Formentera, les enfants roulent le code zéro et démarrent le moteur. Quel plaisir et quelle fierté pour les parents de les entendre manœuvrer en restant dans nos couchettes. Ils ont développés une vraie autonomie pour prendre soin du bateau pendant que nous dormons.

Magali prend le relais et continue la route tout droit vers l’Est, vers 2h, elle aussi déroule le code zéro seule pour s’appuyer avec le vent qui revient du Nord. Antoine est réveillé à 5h pour faire la manœuvre d’arrivée. Nous prenons un mouillage un poil près d’un monocoque mais en première ligne près de la plage de Formentera où nous avions atterri il y a 10 mois en venant de Minorque, avec son eau turquoise. Nous nous recouchons pour une bonne grasse matinée comme un dimanche matin (nous sommes le dimanche 10 août).

Formentera

Pendant notre petit déjeuner un bateau de tourisme avec la musique à fond vient jeter l’ancre juste devant nous. Les effluves d’hydrocarbures nous font déguerpir quelques mètre plus loin. Nous nous mettons à la limite des bouée de baignade pour être sûr de ne pas être dérangé à nouveau. Malgré cela de nombreux bateaux à moteur et à voile viennent se mettre devant et à côté de nous. Nous avions oublié ce type de mouillage surpeuplé ! C’est le problème des week-ends et du mois d’août. Antoine va se baigner avant le déjeuner jusqu’à la plage.

Le soleil tape fort en Méditerranée, nous attendons 16h pour gonfler les paddles et sortir les jouets de plage. Antoine reste surveiller le bateau (et garder ses rougeurs à l’ombre). Nous allons tous jusqu’à la plage en paddle ou à la nage. L’eau est délicieuse, transparente et sans trop de vagues. Nous faisons un beau château de sable avec du sable parfait pour les constructions. Nous alternons entre baignade rafraîchissante et marche sur la plage. Contrairement à la foule de bateaux mouillés il n’y a quasiment personne sur la plage. Ce n’est pas le cas au loin près du village où nous apercevons une ribambelle de parasols et serviettes.

De retour au bateau Antoine nous annonce que la météo annonce du vent d’ouest pour cette nuit. Nous devons trouver un autre mouillage mieux protégé. Nous attendons que les bateaux retournent au port et allons nous mouiller juste de l’autre côté de l’isthme dans un patch de sable au milieu des rochers sous-marins. Nous admirons le coucher de soleil et le lever de lune rose.

Ibiza

Lundi 11 août à 7h30 un petit bateau à moteur avec la musique à fond vient jeter l’ancre à côté de nous, un couple qui doit sortir directement de boîte de nuit d’Ibiza et finit sa soirée en prenant des photos instagrammable au lever du soleil. Nous nous rendormons assez vite et ça ne réveille pas les enfants ! Une heure plus tard nous levons l’ancre pour contourner Ibiza par l’ouest. Il y a 10nds de vent qui nous permettent de bien avancer avec le code zéro. La côte rocheuse ressemble à une grande mâchoire avec quelques dents qui sont tombées. Nous passons entre les dents de géant. Puis nous longeons l’île d’Ibiza. Nous voyons des constructions cubiques blanches au milieu de végétation méditerranéenne et de roches orangées. Toute la journée nous avançons tranquillement.

Nous atteignons Portinatx vers 17h. C’est une petite baie très protégée par un îlot rocheux. Des rochers, des petites plages de sable et des hôtels bordent le rivage. Il y a beaucoup de bateaux et très peu de place. Nous trouvons une tâche de sable au milieu des posidonies où nous pourrions poser l’ancre même si c’est très près de la côte rocheuse. Il est interdit d’arracher ces plantes avec l’ancre ou la chaîne, donc il faut être très attentif quand nous mouillons. Alice se place à l’avant pour indiquer à Magali quand elle peut faire descendre l’ancre et quand Antoine peut reculer. Arthur surveille à l’arrière qu’on ne touche pas les rochers. L’ancre n’accroche pas le sable aux premiers essais. Antoine et Arthur sautent à l’eau pour aller repérer les fonds à l’avant et à l’arrière. Nous pouvons nous approcher très près du bord car les rochers sont à 5m de profondeur jusqu’au bord. Puis Arthur reste dans l’eau et nous guide pour placer l’ancre à la limite entre le sable et les herbes, nous sommes un tout petit peu dans les herbes mais nous avons fait beaucoup d’efforts pour les préserver au maximum. Pour ne pas balayer les herbes avec la chaîne nous tendons une amarre à l’arrière jusqu’au rocher sous l’eau. Nous ne bougerons pas de la nuit. Antoine replonge pour aller voir comment sont mouillés les autres bateaux (ils sont bien pires que nous). Arthur va plonger depuis un rocher à 5m de haut avec d’autres adolescents espagnols et français. Alice plonge depuis le bateau et Mathilde fait des tours de coque à la nage pour gagner des carrés de chocolat. Il faut dire que l’eau est à 29 degrés et bien claire. Nous sommes bien contents de notre mouillage dans ce trou de vacanciers et de pins parasols. Pour la première fois depuis un an, le chant des cigales nous berce.

Majorque

Mardi 12 août nous avons 40 miles à faire pour rejoindre Majorque. Nous nous levons à 8h30, Antoine plonge pour détacher l’amarre à l’arrière et nous levons l’ancre. Nous petit-déjeunons en route de pancakes préparés par Magali qui n’avait pas fait de pain la veille. Nous commençons au moteur la traversée d’Ibiza à Majorque, puis le vent se lève un peu et nous pouvons dérouler le code zéro et même éteindre le moteur à 13h30. La mer est tellement calme que nous sortons la machine à coudre pour continuer le sac d’Alice.

Nous arrivons à Sant Elm avec 10nds de vent du nord nord-ouest, il y a des bouées devant la plage mais à 180€ la nuit ça nous refroidit. Il n’y a pas la place autour des bouées pour mouiller ni au pied d’une petite falaise au nord de la baie. Nous sommes bien embêté pour trouver un abri pour la nuit.

Nous avons repéré 2 alternatives : soit la Cala d’Egos à 3 miles au sud, soit la Cala de ses Ortiges à 6 miles au nord. Ce sont les seuls endroits où il y a un fond de sable sans trop de posidonies. Nous choisissons de tenter l’option nord qui nous rapproche de la route vers Minorque en pariant sur la chute du vent. Nous contournons donc le cap ouest entre la côte et l’île Sa Dragonera, le vent accélère dans cet entonnoir mais une fois passé c’est plus calme. Nous longeons les falaises. Par acquis de conscience nous allons voir la première crique suivante Cala Basset : il y a encore de nombreuses embarcations et le fond est pavé de rochers entre les posidonies. Nous passons notre chemin car nous ne voulons pas coincer l’ancre entre les rochers. Nous continuons le long des montagnes qui tombent à pic dans la mer. La crique suivante est minuscule entre des murs rocheux. Les petits bateaux sont partis et nous laissent la place. Nous pouvons nous approcher tout tout près (3 m des bords) car la montagne tombe à 5 m de fond. Nos voix font des échos. Antoine souffle dans notre lambi trompé pour s’amuser. Le fond est composé de gros rochers que nous voyons parfaitement tellement l’eau est claire. Si nous voulons dormir ici il faudrait s’accrocher à la falaise … Pas le courage de tenter cette manœuvre périlleuse.

Nous espérons que la prochaine crique sera la bonne car le jour baisse, sinon nous passerons la nuit en mer le long de Majorque. Mais la Cala de ses Ortiges est à la hauteur des avis de Navily : fond sableux à 12 m de fond. Il n’y a pas trop de bateaux dont certains vont partir. Nous plantons l’ancre très facilement et nous sautons à l’eau pour nous rafraîchir. Martin nous cuisine un brownie pour le dessert. Nous nous prélassons dans les poufs sur le trampoline en attendant que ça cuise et admirons le soleil couchant. Nous nous délectons du dessert de Martin et nous couchons avec la bonne odeur des pins parasols qui sont accrochés à la montagne.

Mercredi 13 août Antoine prépare des pancakes pour le petit déjeuner que nous dégustons dans le calme de notre petite crique. Antoine et Magali font un plouf pour se rafraîchir avant de partir. L’eau est d’un beau bleu clair et transparent. Les petits bateaux à moteur arrivent pour la journée, c’est l’heure de partir pour nous. Nous allons longer toute la côte nord de l’île de Majorque au moteur car il y a environ 2nds de vent de face. Ce côté de l’île est très montagneux, nous ne voyons que de grandes falaises de roches marrons claires qui tombent à pic dans la mer. De temps en temps nous apercevons des habitations dans les étroites vallées. Nous ne nous arrêtons pas car nous voulons atteindre l’extrémité nord de l’île pour la nuit. Arthur tente les chamollow enrobés de chocolat : c’est très bon !

Nous arrivons dans la cala Figuera qui est entourée de hautes montagnes. Le soleil est déjà derrière la crête mais nous voyons bien le fond de sable à 7 m de profondeur. Nous apercevons même une raie ! Nous jetons l’ancre un peu à l’écart des bateaux qui vont rester pour la nuit. Nous sautons dans l’eau délicieuse à 30 degrés. Des centaines de petits poissons noirs nagent autour de nous sans crainte. Arthur et Alice partent explorer la crique en paddle à la recherche des meilleurs plongeoirs entre 2 et 5 m au-dessus de l’eau profonde. Ils sautent alternativement. Le soleil couchant se reflète sur les parois des montagnes. Nous dînons de délicieuses pizzas bien gonflées en regardant les petites chèvres noires qui escaladent les rochers abruptes sans aucun doute. Les chevreaux appellent leurs mères à travers la montagne jusqu’à la nuit.

Minorque

Jeudi 14 août avant de partir Antoine et Magali vont se promener en paddle autour de cette crique aux rochers abrupte. Nous pouvons même rentrer dans une petite grotte où nous avons une vue du bateau devant les hautes montagnes. Il fait tout petit comme ça !

Beaucoup de bateaux arrivent, il est temps pour nous de nous en aller. ( surtout qu’on n bateau indélicat a du ouvrir sa cuve à eau noire juste en amont, la pollution nous entoure 🤢) Nous avons vu au loin quelques bateaux à la voile donc nous hissons notre grand voile mais un peu dégagé de la pointe le vent est trop faible. Nous continuons au moteur, la GV nous fait un peu d’ombre. Nous évitons quelques casiers de pêcheurs dont un qui a un bout beaucoup trop long et qui flotte à la surface. Magali le voit juste à temps, nous mettons le moteur au point mort et débloquons le bout qui était juste posé entre la dérive bâbord et le safran tribord. Ouf ! À mi chemin entre Majorque et Minorque le vent accélère à 6 nds : nous déroulons le code zéro pour aider le moteur. Les côtes de Minorque se dessinent et nous pouvons stopper le moteur. Nous glissons à 5-6 nds le long de la côte nord de Minorque. Cette île porte bien son nom car non seulement elle est plus petite que Majorque mais elle est aussi beaucoup moins haute. C’est plutôt un plateau rocheux que des grandes montagnes.

Nous arrivons vers 17h devant la Cala Pregonda où les copains de la famille Chatillon sont déjà mouillés sur leur monocoque de 35 pieds : Grand Duc. Il y a encore du monde dans cet endroit magnifique que nous avions déjà apprécié en 2023. Nous jetons l’ancre à côté de Grand Duc et tout le monde saute à l’eau pour discuter de nos aventures. Nous allons visiter leur bateau puis ils viennent tous prendre l’apéro à bord de Loela. Que de bon moments partagés avec Benoît, Hélène, Arthur, Matthieu, Apolline et Maxime !

Vendredi 15 août nous avions initialement prévu de naviguer avec les Chatillon vers l’est de Minorque mais Antoine consulte les prévisions météo des prochains jours (qui ont encore changé) et la meilleure fenêtre pour traverser vers LGM semble être aujourd’hui. Normalement il ne devrait pas y avoir de vagues et nous nous glisserions juste avant un épisode de Mistral. Nous n’avons pas envie de risquer un vent plus fort au près (la fenêtre suivante nous faisait nous glisser entre un épisode de Mistral et un autre de Tramontane…) et surtout des vagues de 2 mètres avec une période courte, nous avons assez donné dans l’Atlantique.

Nous disons donc au revoir à Grand Duc et allons profiter de la plage sur l’îlot de la cala. Nous y allons en paddle avec le matériel de château et un parasol. Martin et Mathilde s’installent un coin ombragé près d’un beau rocher blanc rose et creusent le sable à la façon des archéologues. Ils mettent au jour un beau rocher rose. Entre deux exploration de l’île dont la roche sédimentaire est érodée, par la mer et le vent, en forme de trou et de dentelle, Antoine Magali et Alice se baignent.

Nous rentrons au bateau et les parents profitent encore de l’eau délicieuse pour un snorkeling autour des rochers. Certes les poissons ne sont pas aussi colorés et nombreux qu’aux Caraïbes mais nous en profitons un peu. Ça nous paraît plus terne ces poissons gris et noir 🤣

Les bateaux estivaux arrivent en nombre, nous levons l’ancre une dernière fois de l’Espagne pour rejoindre la France.

Cette virée aux Baléares aura été assez rapide mais nous avons apprécié de découvrir les paysages de chaque île. Les mouillage tous les jours dans les criques sauvages étaient super agréables pour la baignade. Les enfants sont impatients de retrouver la France mais apprécient encore nos derniers jours de bateau.