Saison 5 Ep 2 : Aventure spatiale à Cape Canaveral

Toujours avec les copains, après les buildings, alligators et plages de Miami nous allons découvrir les fusées de la NASA au Kennedy Space Center de Cape Canaveral mais pour ça, il faut aller affronter le Gulf Stream pour la deuxième fois !

Poussés par le Gulf Stream

Mardi 6 mai nous nous sommes mis d’accord avec Solaine pour partir à 9h vers Cape Canaveral. Matlo attend la livraison de son chauffe-eau réparé pour nous rejoindre dans quelques heures. Nos copains américains de Lady Grey ont décidé de nous rejoindre aussi de Fort Lauderdale où ils ont finis leurs réparations avant la livraison de leur bateau, déjà vendu, nous sommes bien contents de les revoir demain. Nous avons 180 miles à parcourir donc nous devrions arriver dans 24h.

Au moment où nous démarrons les instruments de navigation, les informations de la girouette ont disparu ! L’orage qui est passé sur Miami pendant que nous étions aux Everglades dimanche midi a probablement joué un rôle dans cette panne… C’est vraiment mal conçu car nous avons traversé seulement 2 orages et à chaque fois cette carte s’est retrouvé en défaut. Et pourtant cette fois-ci tout était éteint et nous étions au mouillage avec d’autres bateaux autour dont certains avec des mâts plus élevés. Heureusement nous avons 2 cartes électroniques de rechange. Antoine monte en haut du mât et change la carte dans la girouette. Les informations refonctionnent immédiatement… La carte ne semble même pas abîmée, aucune trace de surtension…

Nous pouvons à présent partir avec une heure de retard sur Solaine et sur le planning initial. Notre objectif est d’atteindre rapidement la veine de courant du Gulf Stream qui monte vers le Nord et ensuite de rester bien dedans jusqu’à tourner devant Cape Canaveral poussé par le vent de sud-sud-est. A la sortie du chenal de Miami nous hissons rapidement la grand voile et déroulons le solent. Nous atteignons la veine de courant qui s’établit à 4 nds. Avec un vent à 10 nds, nous avançons à 10 nds très confortablement. C’est incroyable ce tapis roulant. Nous voyons au loin Solaine qui se traine à 4 nds en dehors du courant et juste avec sa grand voile. Ils doivent avoir un problème. Après plusieurs essais VHF Gabriel nous répond et nous explique qu’ils n’arrivent à hisser leur gennaker car la drisse mouflée est toute entortillée. Au bout de 3h d’effort ils y arrivent enfin mais nous les avons dépassé depuis longtemps surtout depuis que nous avons déroulé notre gennaker orange. Nous filons à toute allure avec des pointes à 14 nds. C’est fou d’aller aussi vite que le vent.

La nuit se couche et nous nous guettons l’heure de 21h28. Une fusée de SpaceX va décoller de Cape Canaveral juste devant nous pour mettre une énorme grappe de satellites en orbite. Nous sommes tous en gilet de sauvetage et attachés aux lignes de vie de Loela. Dans la nuit noire nous voyons à l’heure exacte un feu rouge sur la terre, la fusée s’élève dans le ciel. Quelques minutes après le premier étage se détache et la fusée continue son chemin dans l’atmosphère, nous suivons le point rouge pendant 5 minutes. Nous entendons alors (plusieurs minutes après) très distinctement le bruit du décollage, nous vivons en direct la différence de vitesse entre la lumière et le son. Le bruit qui ressemble à celui d’un tremblement de terre doit être encore plus impressionnant près du lancement.

Arthur et Alice font leur quart en suivant les instructions d’Antoine à la lettre : rester toujours dans le courant pour continuer à cavaler sur les vagues. A 1h du matin c’est le moment d’empanner vers Cape Canaveral. Magali prend le relais, le courant baisse à 0,5 nds et le vent aussi. Il faut rester sous la route directe pour ne pas finir au près comme la dernière fois. Le vent oscille de 20 degrés d’un côté et l’autre. Antoine reprend la barre à 4h30 pour la dernière partie vers le port. Le vent se meure à 5-7 nds mais nous restons à la voile jusqu’au bout.

Quand nous arrivons à l’entrée du chenal et que nous nous préparons à affaler, un bateau pilote nous aborde pour nous demander de rester en dehors le temps qu’un bateau militaire sorte. Nous nous éloignons, affalons et allumons les moteurs en attendant que le bateau passe. Nous ne voyons rien venir jusqu’à ce que nous apercevons une tourelle, c’est un sous-marin qui était quasi invisible entre ses deux remorqueurs ! Spécial dédicace à Marc, l’oncle d’Antoine et Thierry, notre ami de Ligugé, qui étaient tous les deux sous-mariniers !

Une faune active dans les ICW

Nous remontons le chenal portuaire au paysage industriel. Au bout sont installées les marinas mais nous allons continuer encore vers les ICW pour mouiller à l’abri. Les « Intracoastal Waterways » sont un ensemble de canaux qui serpentent tout le long de la côte est des US. Ils ont été creusés pendant la seconde guerre mondiale pour protéger le trafic commercial en cas d’attaque de sous-marins ennemis. Pour les rejoindre il va falloir que nous passions un pont basculant et une écluse.

Antoine appelle le canal VHF 9 pour nous faire ouvrir le pont. Il est en travaux alors seulement la moitié s’ouvre. Heureusement que nous ne sommes pas si large et le mât passe sans encombre entre les deux parties du tablier.

Ensuite Antoine appelle le canal VHF 13 pour rentrer dans l’écluse. En attendant que la première porte s’ouvre nous passons devant des panneaux : « attention aux lamantins ». Et effectivement des rochers plats gris sortent doucement de l’eau puis nous voyons la petite tête. Deux lamantins replongent vers la porte de l’écluse en laissant dépasser leur queue en demi-cercle. Nous passons la porte nous aussi et nous amarrons sur le bord pour nous stabiliser dans le courant.

Pendant que la première porte se referme puis la deuxième s’ouvre, nous admirons le ballet des lamantins et d’un troupeau de raies carrées. Sur les côtés des cormorans et des pélicans sont aux aguets d’un poisson appétissant. L’eau est claire et nous voyons de gros poissons évoluer sans craindre les pêcheurs qui sont interdits dans l’écluse. L’éclusier vient discuter avec nous jusqu’à la sortie. Nous pouvons à présent naviguer dans l’ICW dont l’eau est beaucoup plus noire. Nous ne pourrons pas faire de l’eau ici, heureusement que nous avons rempli le réservoir en mer.

Nous choisissons de jeter l’ancre près de l’écluse, nous serons protégés des vents du sud annoncés. Soudain un troupeau d’ailerons se promène autour de nous, ce sont des raies avec les deux ailes remontées, impressionnant ! Juste ensuite des dauphins sortent eux aussi leur ailerons, ils nageront dans le mouillage toute la journée. Et enfin nous sommes surpris par des bruits de plongeons : ce sont les pélicans qui plongent régulièrement pour leur repas. Les eaux doivent être très riches ici.

Nous passons la journée de mercredi 7 mai à travailler et nous reposer devant le balais des dauphins, raies et pélicans. A 17h nous nous retrouvons tous sur Lady Grey pour discuter du programme des prochains jours. Nous voulons aller tous ensemble demain visiter le Kennedy Space Center. De notre côté nous voulions repartir dès vendredi mais il n’y a pas du tout de vent. Nous préférons attendre une journée le retour du vent pour ne pas faire de moteur. Certains iront visiter le centre de la NASA une journée de plus.

Le KSC : le pays de l’exploration spatial

Jeudi 8 mai nous partons à 8h du bateau en annexe, nous traversons le canal et passons sous un pont pour rejoindre un ponton dans une petite marina très pratique où nous pouvons laisser les annexes amarrées en sécurité pour la journée, surveillées par la faune locale. Nous commandons un Uber près de l’aire de jeux. En 15 min de larges routes toutes droites nous entrons dans le Kennedy Space Center.

Nous commençons par une visite guidée du jardin des fusées. Une dizaine de fusées grandeur nature sont présentées depuis les toutes premières fabriquées à partir de missiles balistiques lorsque les américains découvrent que les russes ont pris de l’avance sur eux dans la course à l’espace et sont capables d’envoyer un satellite jusqu’au dessus des USA. Les enfants jouent dans les capsules spatiales et nous découvrons que le tout premier vol d’un américain « dans l’espace » n’a consisté en fait que d’un vol de Cape Canaveral jusqu’au Bahamas en passant à 187km d’altitude, un peu comme les vols commerciaux actuels « dans l’espace ». Cependant, les choses sont rapidement devenues plus sérieuses et malgré de nombreux échecs, les américains ont recruté des astronautes et amélioré leurs fusées pour envoyer d’abord des capsules en orbite puis un être humain. Il faut dire que le président Kennedy leur avait mis une sacré pression en fixant l’objectif de déposer un homme sur la Lune et de le ramener alors qu’ils n’avaient même pas encore mis un humain en orbite !

Nous nous dirigeons ensuite vers le hall Atlantis consacré aux navettes spatiales. Un film introductif très immersif raconte comment les ingénieurs de la NASA ont conçu un véhicule spatial réutilisable pour amener des objets et des hommes dans l’espace et en revenir. Avant cela les fusées perdaient la plupart de leur matériel dans l’espace, seul la capsule revenait. Ils ont eu l’idée de construire un engin entre l’avion et la fusée propulsé par deux boosters et alimenté par un énorme réservoir de carburant détachable. Pour revenir sur terre il utilise principalement l’attraction terrestre. A la fin du film, l’écran de projection devient semi-transparent puis s’ouvre sur une immense salle présentant la vrai navette Atlantis, une des 6 navettes construites. Les américains ont vraiment le sens de l’entertainement !

Dans l’exposition, nous apprenons de nombreux détails sur les vols en navettes spatiales. La reconstitution du cockpit d’une navette amuse beaucoup les enfants qui se mettent dans la peau des astronautes pour tenter de la poser sur la piste ou de piloter le bras robotisé. Nous descendons à l’étage inférieur en toboggan et découvrons la vie dans la station spatiale internationale. Le clou de la visite est le simulateur de décollage d’une navette spatiale. Nous sommes tous propulsés dans l’espace. En plus d’être très impressionnant, c’est une attraction très didactique car toutes les secousses sont expliquées : l’allumage du moteur de la navette, la poussée des boosters et sont arrêt, la reprise avec le moteur de la navette, le tout en suivant la trajectoire sur un écran. Tout le monde est enchanté de l’expérience !

Avant de déjeuner nous avons rendez-vous pour une bataille en réalité virtuelle. Deux équipes équipées de casques et juchées sur une plate-forme mobile s’affrontent pour récupérer le maximum de météorites. Nous nous amusons beaucoup immergés dans l’espace.

Rassasiés de hamburgers et de glaces, nous montons dans le Bus Tour. Nous traversons la base spatiale en passant devant l’immense (la partie étoilée du drapeau américain peint dessus est de la taille d’un terrain de basket !) hangar d’assemblage des fusées (VAB : Vehicule Assembly Building) et le pas de tir de lancement des fusées. Actuellement la NASA ne lance plus de fusées car ils se concentrent sur le programme Artemis pour reprendre l’exploration de la Lune puis de Mars. Ils ont privatisé les lancements de satellites et les installations sont utilisées par Space X et Boeing.

Nous arrivons au hall Apollo sur la conquête de la Lune. Un film d’introduction explique la genèse du programme. Pendant la guerre froide les russes ont été les premiers à lancer un satellite et à envoyer un homme dans l’espace. Les américains ont peur de se faire espionner depuis l’espace. Le président Kennedy lance alors le programme Apollo pour marcher sur la Lune avant la fin de la décennie 1960 !

Nous accédons alors à un immense hall qui contient une véritable fusée Saturne V, la plus puissante de tous les temps. Nous voyons tous les étages et composants de la fusée : 3 étages détachables équipés de moteurs dont le dernier contient le LEM et propulse le module de commande et de service lui-même motorisé. Les deux premiers étages envoyaient le troisième en orbite avec tout son chargement puis le troisième étage propulsait les modules sur la trajectoire de transit avec la Lune. Ensuite, le module de commande et de service devait faire demi-tour dans l’espace pour se connecter au module d’alunissage (LEM) qui se séparait pour alunir avant de revenir au module en orbite autour de la Lune qui ramenait les astronautes vers la Terre.

Nous découvrons que la mission Apollo 11 a failli rater s’il n’y avait eu la dextérité de son pilote Neil Amstrong pour poser le module lunaire dans un site de rechange. L’engagement des astronautes pour la mission était total, ils ont osé se placer en haut de ce super-missile dont seuls quelques exemplaires avaient réussi à voler sans incident malgré leurs millions de pièces. Les américains ont perdus 3 astronautes au sol lors d’un test mais ensuite ils n’ont plus jamais eu d’accident lors du programme, ayant même réussi à ramener Apollo 13 malgré un terrible incident.

Dans le hall, nous voyons un module lunaire et un module de commande, les équipements des astronautes et pouvons même toucher une pierre de Lune accessible dans une vitrine spéciale.

Après le retour du bus nous avons juste le temps d’aller à l’IMAX pour admirer un film sur le téléscope James Webb. Pour observer au mieux les galaxies lointaines, les scientifiques ont construit un méga-télescope envoyé dans l’espace. La plus grosse difficulté était de concevoir un télescope qui rentre dans une fusée Ariane. Ils ont donc travaillé sur un télescope dépliable. Les images obtenues sont spectaculaires. Les scientifiques cherchent à comprendre l’origine de l’univers mais aussi la formation de notre Terre et de la vie en cherchant des planètes aux conditions semblables.

Un petit tour par la boutique de souvenirs et c’est déjà la fermeture du parc. Nous retournons au bateau fatigués mais avec des étoiles plein les yeux.

Journée de repos avant lancement

Vendredi 9 mai nous avons décidé de rester une journée de plus à Cape Canaveral car il n’y a pas de vent pour faire le trajet vers notre prochaine étape et nous ne voulons pas faire une journée complète de moteur. Et, raison de plus, un lancement de fusée est prévu cette nuit, nous serons aux premières loges pour le voir. Nous restons donc au bateau et c’est l’occasion de finir les dernières évaluations de Mathilde.

Elle a travaillé en continu même pendant les vacances scolaires alors elle a fini le programme en avance. Martin aussi avance bien, il a bientôt terminé dans 2 semaines ça sera fini. Alice carbure pour rendre un projet de plus d’art plastique avant la date limite du 11 mai. Nous avons fait en sorte de qu’elle ait rendu 75% à 90 % des devoirs dans toutes les matières et 80% au total. Arthur de son côté révise pour le bac de français. Dans l’après-midi Martin et Mathilde approfondissent leur cours de sciences en regardant deux « C’est pas sorcier » sur les fusées. Nous apprenons les avantages que présente le site français de Kourou par rapport à Cape Canaveral qui est plus éloigné de l’équateur. Les américains doivent construire des fusées plus lourdes qui doivent embarquer plus de carburant et ils ne peuvent lancer vers le Nord à cause des zones habitées.

En fin de journée nous nous déplaçons un petit peu pour avoir une meilleure vue du pas de tir des fusées. La nuit se couche bientôt, la chaleur accumulée sur terre forme de gros orages tout autour de nous. Alice et Arthur filment et photographient les éclairs. En redescendant du bimini juste avant le coucher du soleil Arthur fait tomber à l’eau la GoPro qu’il avait simplement posée sur un trépied sans la tenir ni mettre la poignée de flottabilité 😱😤! Antoine enfile une combinaison et plonge avec un projecteur car nous avons moins de deux mètres d’eau sous la coque mais elle est tellement boueuse qu’il ne voit absolument rien à plus de 30 cm … nous abandonnons les recherches et beaucoup de nos plus belles images du voyage 😔.

Pour continuer l’ambiance spatiale en attendant le décollage, nous regardons le film Apollo 13. Quelle incroyable aventure ces 3 astronautes et les équipes au sol ont vécu ! Nous mettons le réveil à 2h15 pour ne pas rater le lancement prévu à 2h28. Au milieu de la nuit tout le monde est sur le pont. A l’heure dite, le ciel s’embrase et nous voyons très bien la fusée décoller en une trajectoire incurvée vers l’Est. Quelques minutes après le décollage le bruit est terrible. Nous suivons des yeux la trajectoire jusqu’à ce que le premier étage se décroche. Grâce à une application nous le voyons atterrir sur un bateau aux Bahamas, tout est récupéré pour le prochain lancement. Nous aurons vu notre deuxième lancement de fusée en direct ! Nous allons nous recoucher pour nous reposer avant de reprendre la mer demain matin.

Cette étape à Cape Canaveral aura été un beau voyage dans l’espace. Nous allons repartir demain en flottille avec les copains vers Sainte Augustine.

Une réponse à « Saison 5 Ep 2 : Aventure spatiale à Cape Canaveral »

  1. Avatar de maximilienpetitgenet
    maximilienpetitgenet

    Incroyable ! Quelle expérience ! 🤩

    J’aime

Laisser un commentaire