Transat retour (2) J9 – et après du près tout près (de la côte) pour une arrivée à Ceuta

Nous attaquons cette dernière journée dans un temps de demoiselle avec une alternance de périodes au moteur et à la voile en fonction des circonvolution du vent à l’approche de la côte marocaine et de Gibraltar. Un bon déjeuner à base de salade de reste et croquettes de purée panées. 

Préparation du dernier obstacle

Puis Antoine fait une sieste pendant que les activités du matin continuent. Magali fait du pain, Martin une mousse au chocolat. Chacun lit ou fait du scratch (est-ce que ça compte comme du temps d’écran ?). Arthur a découvert la programmation d’automatismes via Raccourcis sur iPhone et s’exerce aussi à la programmation en auto-apprentissage.

Après la sieste démarre la préparation de la dernière épreuve de la traversée : la remontée du détroit de Gibraltar ! C’est toujours un endroit complexe à cause du relief qui canalise les vents et des courants entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. À l’aller nous avions été pris à contre-courant (et vent), mais nous avions vent et courant dans le même sens.

Cette fois, nous arrivons de nuit (première difficulté) car le créneau pour tourner le cap Spartel est entre minuit et 3h du matin d’après le routeur. Le vent vient de souffler en tempête avec plus de 30nds à la sortie côté Atlantique et des rafales à 45nds. C’est pour ça que nous attendions la nuit car le vent est censé diminuer à partir de la soirée et toute la nuit. Ce vent sera contre nous (deuxième difficulté) à environ 15nds (voire 20?) et des rafales à 25 (voire 30 ?) donc plutôt soutenu (troisième difficulté). Le courant sera avec nous (petit facteur favorable) mais pas après 4h côté Atlantique d’où la nécessité de passer de nuit. Mais cela risque de lever un fort clapot (4ème difficulté). À l’entrée la pointe pourrait générer une survente (cinquième difficulté) et les pêcheurs traînent souvent sous le vent de la côte (sixième difficulté). Sans compter que les orques mangeuses de safrans pourraient montrer leurs gueules. 

Le vent va et vient et nous traînons un peu pour ne pas arriver trop vite au cap Spartel. À 19h30 juste avant le coucher du soleil, nous mettons deux ris dans la grand voile alors que le vent est tombé. Nous prévoyons de remonter au moteur dans un vent plutôt faible jusqu’à Spartel. Arthur prend le premier quart et même si le vent revient, et même fort, nous restons au moteur pour qu’Antoine et Magali puissent se reposer pour faire la route dans Gibraltar ensuite. 

À 1h30, nous passons le cap Spartel et comme le vent n’a pas l’air d’être supérieur à 20nds nous déployons le solent à 3ris pour avancer à la voile. Le clapot lève pas mal mais ça a l’air d’aller dans la nuit noire. Mais…

Gibraltar tente de nous empêcher de passer (encore)

C’était sans compter les ressources de ce détroit redouté ! Alors que nous commençons à tirer vers le nord pour nous dégager de la pointe, le vent monte à plus de 30nds et le clapot se creuse très abrupt ! Nous tirons 4 bords mais c’est vraiment très difficile de progresser à la voile. En plus le courant semble aussi contre nous ! Dans le noir absolu la situation est assez tendue !

Tant pis, nous décidons de remettre le moteur et de nous rapprocher de la côte Sud du détroit où il est censé y avoir moins de vent. Ça marche même si ça oblige à pousser les deux moteurs à plus de 2300tr/min pour atteindre 3,5nds dans le gros clapot. Nous progressons ainsi une dizaine de minute jusqu’à parer la pointe du cap et le clapot et le vent semblent se calmer. Comme nous n’avons pas très envie de passer les 10 prochaines heures à planter des pieux dans le clapot face au vent. Nous réessayons alors de faire de la voile. Après tout le bateau est fait pour ça.

Nous persévérons et à la voile !

Nous réglons les voiles un peu mieux et commençons à tirer des bords en virant vers le sud quand le vent est trop fort mais toujours avec 2nds de courant contre nous.

La matinée est une longue succession de virements de bords et d’ajustement de la surface des voiles pour correspondre au vent que nous avons. Le vent varie constamment de 10 à 30nds. Parfois fort et constant à plus de 25nds pendant quelques dizaines de minutes. Parfois avec un vent moyen à 15nds et des rafales à 30 toutes les deux minutes. C’est très compliqué de faire avancer le bateau. Antoine barre beaucoup. Heureusement le vent avec le courant aplati la mer et nous filons de plus en plus sur une mer plate.

Petit à petit nous gagnons du terrain. À 4h30 nous sommes devant Tanger. Le passage de la pointe suivante nous amène devant l’énorme port de Tanger Méditerranée ce qui amène une complication supplémentaire avec les cargos et autres tankers à l’arrêt ou en route à éviter. La vigilance est constante.

Évidemment nous restons dans le couloir entre la côte marocaine et le rail des cargos et essayons même de nous rapprocher de la côte car il semble y avoir moins de courant contre nous tout près. Mais pas trop près quand même : pendant quelques heures, une vedette des gardes-côtes marocains nous suit de loin, sans doute pour s’assurer que nous restons assez loin de la côte.

Le vent s’apaise complètement lorsque nous passons le rocher qui fait face à celui de Gibraltar, magie de la mécanique des fluides. Nous continuons vers Ceuta dans un léger vent sur une mer complètement plate. Antoine profite même des derniers virements pour parfaire les réglages de la girouette 🤭

Zigzagant entre les tankers mouillés devant, nous affalons les voiles et nous glissons dans la marina d’Hercules où nous nous amarrons « à la Méditerranéenne », cul au quai avec l’avant attaché à une pendille. Nous sommes l’un des seuls bateaux de passage !

Cela fait exactement 9 jours que nous avons  largué les amarres du port d’Horta ! Nous finissons la journée à 125MN (et 38 bords sur les 10h qu’a duré la traversée de Gibraltar) et la traversée à 1317MN ! Nous avons traversé l’Atlantique d’Ouest en Est et sommes de retour en Europe (enfin dans un bout d’Europe en Afrique). La boucle Atlantique est bouclée et c’est parti pour 3 semaines de « vacances » en Méditerranée en cabotant le long de la côte espagnole.

3 réponses à « Transat retour (2) J9 – et après du près tout près (de la côte) pour une arrivée à Ceuta »

  1. Bravo à tout le famille !

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  2. Bravo à tout le famille !

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  3. Bravo à toute la famille!

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