Le voyage de Loela

Nous avons passé deux jours de visites extraordinaires à la découverte d’une jolie ville et d’un volcan impressionnant en Sicile, ce qui nous donne envie de continuer la route des volcans. Mais d’abord il faut passer de Charybde en Scylla c’est à dire traverser le détroit de Messine. Cela demande un peu de préparation.

Journée technique à Naxos

Vendredi 2 août, nous avons trouvé grâce au contact du propriétaire du Yacht Hotel le contact du shipchandler local, situé juste à côté, dans la ville balnéaire de Naxos. Nous avons besoin de réparer le hublot avant dont la charnière s’est cassée dans une mauvaise manœuvre.

Pour ceux que les détails techniques intéressent, le SAV Outremer nous préconise du Sikaflex®291i. Cependant, le ship n’en a pas et nous propose du Sikaflex®591 qui semble être son remplaçant. Grâce à ce lien, nous commençons à mieux comprendre les différents sika… nous aurions d’ailleurs aimé trouver du Sikaflex®522AT qui est plus solide et de l’activateur Sika® Aktivator-205 qui semble être indispensable à une bonne accroche.

Arthur dépose Antoine et Magali au port de Naxos d’un coup d’annexe avec le chariot à roulette, le linge et les sacs de courses. Puis il rentre rapidement s’abriter de la chaleur sur Loela, toujours amarré à sa bouée devant Taormine.

Nous avons aussi repéré la laverie automatique dans laquelle nous ferons nos 20kg de lessive des presque 15 derniers jours, et nous en profitons pour faire quelques courses (agréementées d’un granité citron avec une brioche pour lutter contre la chaleur accablante). Arthur vient nous rechercher au dinghy dock où nous sommes arrivés après 2km de marche à travers Giardini-Naxos (Giardini et Naxos signifient tous les deux jardins en Italie et en grec, ce qui veut dire que cette ville s’appelle jardins-jardins).

L’après-midi nous étudions les courants de Messine car nous allons partir le lendemain matin : le début du courant portant au nord commence 1h45 avant la marée haute à Gibraltar et le courant portant au sud commence 4h30 après la marée haute de Gibraltar. Donc pour le samedi 3 aout il faudra passer vers le nord après 14h. Nous faisons les routages en conséquence.

Nous quittons ensuite la bouée du Yacht Hotel et nous déplaçons dans la baie. En chemin, nous passons à côté d’un magnifique 5 mâts anglais. C’est plus joli que les gros yachts à moteur. Nous mouillons devant les plages animées de Naxos. Etant donné qu’il y a toujours un peu de vagues du Nord-Est venant du détroit de Messine, nous faisons l’essai de notre ancre secondaire à l’arrière pour nous maintenir dans l’axe des vagues. Cela nous vaudra la surprise de « pêcher » un poulpe en remontant l’ancre secondaire. Nous voyons un gros truc marron collé sur l’ancre et reconnaissons rapidement un poulpe que nous avons réveillé de sa sieste matinale. Il glisse très rapidement (à peine le temps de prendre une photo) sur le pont et se jette à l’eau ! Nous n’avions jamais vu un poulpe de si près.

Le matin avant de partir, Antoine tente la réparation de la charnière cassée avec le produit acheté la veille. Préparation du support avec la dremel (petit outil rotatif avec de multiples mini-outils pour poncer, percer, brosser) pour bien nettoyer les surfaces, dégraissage à l’essence F pour ne pas abîmer les plastiques, scotch pour protéger tout au tour, application du produit et serrage de l’ensemble avec des cales et un serre-joint improvisé avec deux cales en bois, une pince de plombier et une garcette pour serrer le tout… Nous allons laisser sécher plusieurs jours en espérant que ça tienne…

Passage du détroit de Messine

Samedi 3 août nous partons à 12h30 vers le nord conformément aux informations de courants. Le vent commence tranquillement puis des bouffes rapides accélèrent, nous prenons un ris par sécurité, ce qui se révèlera plutôt adapté car nous auront jusqu’à 28 nœuds de vent apparent dans les plus fortes rafales.

Dans la partie la plus étroite du détroit il y a un passage réservé aux cargos et ferry, les bateaux de plaisance doivent rester sur les bords. Comme le vent vient du nord, nous devrions tirer des bords le long de la côte dans une bande de quelques centaines de mètres. Pour éviter de faire trop de virements de bord, Antoine appelle les autorités par VHF pour demander l’autorisation de pénétrer un petit peu dans la voie Ouest (descendante), qui est normalement réservée aux gros navires. Ils acceptent tout de suite après avoir pris notre identité et la taille de notre bateau, sans doute parce que le trafic est léger ce soir, en effet nous ne croisons presque aucun navire de commerce. A 20h nous passons devant Messine et nous entonnons en chœur la chanson « Allons à Messine pêcher la sardine, Allons à Lorient pêcher le hareng ». A 21h30 le vent tombe, nous continuons au moteur et passons devant les célèbres pylônes électriques qui permettaient avant d’alimenter la Sicile en électricité depuis le continent. Ils sont très haut pour que les bateaux passent sans difficulté. Aujourd’hui il ne reste plus que les pylônes, nous pensons que les câbles doivent passer sous la mer.

Dans la nuit, nous ne verrons ni Charybde ni Scylla, mais les lumières des constructions de chaque côté de cet étroit passage. Le temps est tellement calme que nous ne verrons aucun des dangers décrits dans les récits d’Homère.

La fatigue nous gagne et nous décidons de passer la nuit devant une plage au nord de la Sicile juste après le détroit. Nous nous renseignons sur la qualité des fonds et la houle auprès des bateaux qui semblent y être sur l’application Navily pour s’assurer que nous pouvons jeter l’ancre sur du sable sans risquer de se prendre un rocher et qu’il n’y aura pas trop de houle. L’application Navily est vraiment pratique car elle permet de voir les commentaires des plaisanciers sur tous les mouillages et de discuter avec certains.

En route vers Vulcano

Dimanche 4 août, nous nous réveillons au matin devant une grande dune de sable et rochers. Effectivement l’ancre a bien tenu toute la nuit dans le sable. Mais nous ne voulons pas nous attarder car nous avons envie d’aller découvrir l’archipel des îles Éoliennes. Ce sont 7 îles volcaniques avec des volcans plus ou moins actifs. Les volcans sortent littéralement de la mer et il faudra s’approcher très près du rivage pour pouvoir jeter l’ancre dans moins de 20 mètres de profondeur.

Le vent est très faible et nous devrons faire toute la traversée au moteur. En fait, nous avons de la chance d’avoir ce temps si calme car les mouillages de ces îles ne sont pas très protégés des vagues et du vent. Nous mettons même la canopée pour ombrager le bateau pendant la traversée. L’île de Vulcano est bientôt en vue, nous devrions y arriver dans l’après-midi pour un baignade rafraichissante.

Ce passage de Messine aura été plus facile qu’on nous le décrivait. Nous sommes prêts pour découvrir les iles des Éoliennes et les manifestations volcaniques diverses.